Afin de limiter la valorisation du real sous l’effet de la « spéculation », le ministre de l’économie Guido Mantega a annoncé la semaine dernière la mise en place d’un impôt de 2% sur les entrées de capitaux étrangers. Selon le gouvernement brésilien, cette mesure s’imposait afin de faire face à l’appréciation du real face au billet vert. En effet, en l’espace d’un peu moins d’un an, la devise brésilienne a explosé. En décembre 2008, un dollar valait un peu plus de 2,5 reis. Entre temps, la roue s’est inversée et le real a gagné plus de 36% face au dollar américain. C’est la plus forte augmentation mondiale face au billet vert cette année, le rand sud-africain n’augmentant que de 27% et le peso chilien de 21%. Cette hausse du real ne touche pas que le billet vert puisque la devise a gagné près de 29% face à l’euro et plus de 49% face au peso argentin depuis janvier dernier.
Ainsi, la hausse du real n’est pas seulement le résultat d’une dépréciation du dollar américain dont tout le monde connait les causes. En fait, l’économie brésilienne est très attractive pour les investisseurs. Attractive à tel point que certains doutes déjà que la taxation décidée le 19 octobre ait réellement un impact sur le taux de change du real. Il suffit de s’arrêter aux chiffres pour comprendre que l’idée du gouvernement n’est certainement pas très efficace et ne devrait pas empêcher les investisseurs de tourner les yeux vers le Brésil.
Alors que les pays sortis de la crise s’attendent à une croissance atone pendant un ou deux ans, le Brésil affiche une croissance légèrement positive pour 2009 et s’attend à une croissance de 5% en 2010. Le système bancaire n’a pas été touché par les errements des américains et reste sûr. Le Brésil peut aussi se targuer d’être l’un des plus gros pays exportateurs de matières premières ce qui attire évidemment les fonds souverains du Moyen Orient et d’Asie. Pour ne rien gâcher, dans un monde où les taux des principales banques centrales sont à 0, les taux au Brésil sont à 8,75% et les principales agences de notation s’accordent pour dire que le Brésil est « sûr » en matière d’investissements.
Ainsi, même si le Brésil possède des atouts naturels indéniables, ce miracle brésilien entamé depuis plusieurs années a été finalisé par le président Lula qui doit bientôt passer le bâton. Pas sûr que le real s’assagisse, sachant en plus que l’organisation de la Coupe du monde de football en 2014 et des J0 en 2016 vont dreiner des capitaux massivement dans le pays.