L’inquiétude sur l’état de l’économie britannique pourrait ne pas prêter à souci, du moins dans une moindre mesure que l’état de l’économie américaine plombée par la crise des subprimes et ses conséquences directes, si la livre sterling n’enregistrait pas des résultats décevants sur le marché des changes depuis le début de l’année 2008.
En effet, la livre sterling, en cette période d’incertitude sur la croissance et l’inflation, n’attire pas les investisseurs.
Pour la journée de vendredi dernier, la livre sterling était certes en hausse face au dollar, à 1,9641 dollar, comme face à l’euro, à 0,7538 livre pour un euro, mais cette hausse passagère ne reflète nullement la capacité à attirer les investisseurs de la monnaie britannique.
Alors que la livre sterling connaissait depuis la mise en circulation de l’euro une phase d’expansion, confirmant et validant le refus du peuple britannique et de ses dirigeants d’entrer dans la zone euro en abandonnant la livre sterling, la monnaie britannique semble subir une crise de confiance depuis début janvier. Fini la croissance et les bons résultats économiques outre-manche, qui ont soutenu la vitalité de la livre sterling sur le marché des changes face à l’euro, le Royaume-Uni est entré dans une phase de déprime économique.
Certes, comme l’a confirmé le compte rendu de la réunion du G7 tenu à Tokyo, le Royaume Uni est objectivement moins touché par la crise financière et ses répercussions que les Etats-Unis, la France ou encore l’Allemagne. Pour autant, la situation économique au Royaume Uni a accentué le sentiment de crise économique, qui a pesé sur la livre sterling. En effet, à l’inverse des Etats-Unis qui ont la capacité de dégager en quelques jours des fonds budgétaires afin de relancer la machine, les caisses de l’Etat britannique sont plutôt relativement vides ce qui ampute la capacité du gouvernement à gérer le ralentissement économique et à l’endiguer.
L’annonce de la nationalisation de la Banque Northen Rock par Alistair Darling, institution qui a frôle la faillite suite à la crise des subprimes, a récemment montré les défaillances du système de gouvernement à Londres et a accentué la crise de défiance face à la livre sterling.
Alors que d’après la Banque d’Angleterre la croissance ne devrait s’établir qu’à 1,25%, contre les 2% attendus, l’inflation devrait croître à 3% ce qui devrait considérablement réduire la marge de manœuvre de la Banque d’Angleterre quant à une baisse des taux. Ainsi, la Banque d’Angleterre et son gouverneur, Mervyn King, aurait a géré le scénario catastrophe craint par toutes les banques centrales, celui d’une période de stagflation.