Au cours des dernières semaines, à quelques rares exceptions, notamment pour la France, les prévisions de croissance pour l’an prochain ont été revues à la baisse pour nombre de pays. En d’autres termes, comme il fallait justement l’attendre, la reprise sera poussive et fragile.
Pourtant, certains pays européens semblent encore tirer leur épingle du jeu, comme en témoigne l’évolution économique de la Pologne. Le FMI et la banque CITI viennent de relever les prévisions de croissance.
Prudent, le FMI anticipe cette année une croissance de 1.3% mais qui pourrait monter à 2.4% l’an prochain contre une estimation initiale de 2.2%. Cette santé économique est surtout la résultante d’une demande intérieure solide, et d’une inflation qui est contenue par les mesures de la banque centrale polonaise, permettant de sauver le pouvoir d’achat des consommateurs.
La banque CITI est un peu plus optimiste pour le pays avec une croissance qui pourrait même atteindre 3.1% contre une estimation auparavant à 2.8%. Seul risque baissier majeur pour la Pologne, l’évolution économique de la zone euro et la sortie de la récession qui s’annonce douloureuse. Peu de pays membres de l’Union monétaire peuvent se targuer de bons résultats économiques, à part peut-être l’Allemagne mais qui connait une fin d’année au ralenti.
La Pologne, qui pourtant répond à tous les critères définis pour intégrer la zone euro, a repoussé depuis plusieurs années son entrée. Le gouvernement a ainsi, il y a quelques mois, repoussé littéralement aux calendes grecques une adhésion, après les années 2020. Pour ainsi dire, la Pologne reste très prudente face à la santé de la zone euro et aussi face à la marge de manoeuvre qu’aurait le pays dans une Union où la BCE peine à concilier les intérêts de chacun des pays membres.
Le choix de rester hors de la zone euro pour la Pologne semble jusqu’à présent être payant pour deux raisons. D’une part, le pays a la confiance des marchés financiers grâce à une dette publique qui ne peut excéder 60% du PIB selon la Constitution. D’autre part, l’action de banque centrale gouvernée par Marek Belka est saluée car elle parvient avec succès à concilier deux impératifs qui s’opposent en politique monétaire bien souvent: la recherche d’une inflation basse et la nécessité de stimuler via les taux l’économie.