Suite aux mesures exceptionnelles mises en oeuvre par la Banque Nationale Suisse, Thomas Jordan, membre du directoire de la banque centrale, a voulu clarifier les choses dans un entretien accordé ce week-end au journal dominical Sonntag.
Soulignant que la banque centrale suisse ne mène pas une « guerre des devises », il a simplement voulu rappeler que les autorités monétaires helvétiques ne peuvent pas se permettre que le franc suisse continue de s’apprécier par rapport aux autres devises, notamment par rapport à la monnaie unique européenne, sous risque de pénaliser fortement les exportations de la Confédération et donc, à terme, le rétablissement économique du pays.
Alors que les banques centrales s’efforcent depuis plusieurs mois de recourir à tous les moyens à leur disposition pour relever l’économie, la BNS était intervenue massivement dernièrement sur le marché afin de pousser le franc suisse à la baisse. Même si de telles mesures ne sont pas étudiées par la Fed ou par la BCE, en raison de politiques monétaires divergentes, les mesures d’assouplissement quantitatif sont au menu de ces deux importantes banques centrales occidentales. La Réserve Fédérale américaine a, la semaine dernière, dévoilé ses armes, poussant à la baisse le dollar. Cependant, le regain de l’euro pourrait être éphémère puisque, comme l’a rappelé ce week-end Henri Guaino, la Banque Centrale Européenne ne pourra pas éviter encore longtemps de prendre des mesures similaires à celles prises par la Fed.
Soulignant que la BCE est à l’heure actuelle « entre le marteau et l’enclume », il a mis en avant que l’institut d’émission européen devrait être bientôt confronté à la nécessité d’injecter directement de l’argent dans l’économie, en suivant l’exemple de la Fed et de la Banque d’Angleterre qui ont racheté directement des actifs.
Selon lui, la BCE devra cependant éviter l’écueil de l’hyper-inflation « quand la monnaie se mettra à circuler normalement ». Un tel risque a d’ailleurs poussé la semaine dernière les investisseurs à vendre des dollars sur le marché des changes en raison des inquiétudes liées à la politique inflationniste de la Fed.
Enfin, cette semaine pourrait éventuellement profiter au dollar grâce à l’annonce aujourd’hui d’un plan sur les avoirs toxiques des banques par le Trésor américain qui pourrait donner espoir aux investisseurs.