Pendant que les intervenants du marché des changes attendent le dénouement de l’élection présidentielle américaine, d’ici quelques heures, l’euro poursuit sa baisse à un rythme très rapide face à sa contrepartie américaine, évoluant autour de 1.2773, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis le 11 septembre dernier.
Les analystes forex vont valoir que la pression est importante sur le marché alors qu’on redoute un scénario similaire à celui des élections de 2000 où le vainqueur de la présidentielle avait finalement été départagé par les juges de la Cour Suprême.
Autre facteur d’instabilité pour le marché, la situation dans la zone euro qui continue de se détériorer. Plusieurs sources affirment que la Grèce serait déjà à cours d’argent et que le pays ne devrait pas parvenir à un accord avec ses créanciers avant au moins le 12 novembre prochain. Les incertitudes sont nombreuses sachant que le pays a un besoin vital de cette nouvelle tranche d’aide de 31.2 milliards d’euros.
Par ailleurs, l’Espagne, qui fait face à un effondrement total de son marché de l’emploi, n’a toujours pas sollicité l’aide européenne. Le ministre des Finances espagnol a même affirmé hier que son pays est suffisamment bien financé pour 2012 laissant ainsi entendre qu’aucune demande d’aide ne devrait intervenir cette année. Pourtant, Madrid affronte une situation catastrophique comme le montrent les prévisions de la Commission européenne.
Alors que le gouvernement Rajoy table sur une contraction de 0.5% du PIB l’an prochain, Bruxelles anticipe une baisse de 1.5%. Pour cette année, la baisse pourrait être de 1.6% avec une reprise faible de l’activité en 2014 avec une hausse de la croissance de 0.5% (contre 1.2% selon Madrid). Enfin, Bruxelles prévoit un déficit de 8% du PIB cette année, de 6% en 2013 et de 5.8% en 2014. Le gouvernement espagnol prévoit lui un déficit à 7.3% du PIB cette année, puis 4.5% en 2013 et 2.8% en 2014. Tout cela est de toute façon de mauvais augure pour l’Espagne et l’économie européenne. L’impact sur l’euro devrait être conséquent au cours des prochains mois étant donné le poids de l’économie ibérique au sein de l’eurozone.
Les différents indicateurs PMI qui sont attendus d’ici trente minutes devraient d’ailleurs confirmer une économie européenne exsangue avec des statistiques toujours sous le seuil séparant la contraction de l’expansion. L’Italie doit ouvrir le bal suivie par la France et l’Allemagne.
Le reste de la journée sur le marché des changes sera calme. Le dernier indicateur européen est attendu à midi avec les commandes d’entreprises en Allemagne. Cet indicateur macroéconomique n’aura qu’un faible impact sur l’euro/dollar.
Les investisseurs se concentreront donc sur l’actualité américaine. L’élection pourrait être finalement moins serrée que prévu à en croire les derniers sondages ce qui serait facteur de soulagement pour les cambistes. Selon l’enquête de Real Clear Politics, Mitt Romney ne mène que dans quelques Etats clés, comme la Floride, et de seulement quelques points. Ce serait insuffisant pour assurer une victoire au collège électoral.
Le nouveau président doit absolument bénéficier d’un soutien clair de la part des électeurs pour mener les nombreuses batailles qui l’attendent afin de baisser durablement le déficit et d’éviter le “fiscal cliff“.