Bien que la tendance soit incontestablement selon la plupart des analystes à un renforcement du dollar sur le marché des changes en raison du rapatriement des fonds vers les Etats-Unis et de la baisse continue des prix du baril de pétrole, le dollar s’inscrit depuis le début de semaine en retrait face à de nombreuses devises, dont le yen et l’euro.
Bien sûr, l’annonce du sauvetage de Citigroup continue à jouer et à inciter les investisseurs à s’aventurer sur d’autres devises. Cependant, le phénomène qui est marquant depuis quelques jours est l’émergence d’inquiétudes parmi les cambistes concernant la capacité de l’économie américaine à surmonter la crise. Comme nous l’avons annoncé hier, le département américain du Commerce a vu à la hausse la contraction du PIB au troisième trimestre, ce qui a incité de nombreux investisseurs à se délester de leurs dollars, notamment au profit de la devise de l’euroland. Outre cette annonce, les inquiétudes commencent à s’amplifier concernant la capacité de la Réserve Fédérale à faire face à la crise. En effet, contrairement aux pays de la zone euro qui ont mis longtemps pour lancer un plan de relance concerté, les Etats-Unis ont, à maintes reprises, injecté de l’argent dans le système. L’enveloppe de 700 milliards de dollars votée par le Congrès américain il y a quelques semaines fut évidemment très bien accueillie mais cette fois, le marché des changes est resté nettement plus circonspect à l’annonce d’un plan de la Réserve Fédérale se montant à 800 milliards de dollars pour soutenir la consommation et le marché de l’immobilier. En effet, les capacités budgétaires des Etats-Unis ne sont pas indéfiniment extensibles et cet endettement du gouvernement fédéral est largement financé par les autres pays. Tant que ces derniers y consent, il n’existe pas de réel problème mais de nombreuses voix sur le marché des devises commencent à s’inquiéter de la tendance américaine à jeter de l’argent pour couvrir une crise alors qu’il n’y a pas d’argent.