Possédant des réserves de pétrole conséquentes, le pays est pourtant le seul pays d’Amérique latine en récession. Pire, même les économies des PMA affichent des taux de croissance plus élevés que le Venezuela. Nul besoin d’entrer dans l’arène politique et idéologique pour comprendre que la faute en incombe au président Chavez et à son gouvernement, totalement incapables de gérer une économie qui a pourtant un potentiel énorme. Les expropriations, à des fins politiques ou populistes, n’ont évidemment pas rassuré les investisseurs étrangers. Même l’Iran, en dépit du très strict embargo américain, est plus attractif et sûr pour les investisseurs que le Venezuela.
La conséquence fut directe pour le bolivar : dégringolade du taux de change pendant quatre mois consécutifs. Au lieu de rassurer les marchés financiers, le gouvernement décida arbitrairement de museler le trading qui est désormais pratiquement impossible dans le pays.
Le taux de change du bolivar face à l’USD fait désormais pâlir : un bolivar vaut seulement 0.000466 USD. Le bolivar rejoint à grand pas les devises les plus faibles de la planète, notamment le rouble biélorusse.
Le seul succès de la politique du gouvernement est d’avoir réussi à réduire légèrement l’inflation par rapport à 2009 où elle était de 25.1%. Un an plus tôt, elle dépassait 30%. Pour autant, ce n’est pas en jouant sur la politique monétaire que le gouvernement a réussi ce succès. En effet, la dévaluation du bolivar s’est traduite immédiatement par une hausse des produits de première nécessité, plongeant une partie de la population du pays dans la pauvreté.
S’obstinant toutefois dans sa stratégie, le Venezuela s’oriente de nouveau vers une dévaluation – outil commode en l’absence de réelle connaissance en politique monétaire. Les économistes s’attendent en effet à partir du début de l’année prochaine à une dévaluation lente et par étape du bolivar, sans que le gouvernement n’annonce officiellement une réelle dévaluation de la devise. Une subtilité qui rompt effectivement avec les manières plutôt abruptes de Chavez.
Le gouvernement pourrait intervenir d’abord en augmentant le taux d’intérêt principal de la banque centrale et en vendant des dollars sur le marché, dans un premier temps à 2.6 bolivars pour un dollar et dans un deuxième temps à 4.3 bolivars, mais en plus grande quantité.
Pour autant, ces mesures ne devraient pas empêcher le Venezuela d’entamer bientôt sa troisième année consécutive de récession, une gageure pour le plus important producteur de pétrole d’Amérique latine. Ce n’est certainement pas en introduisant un double taux de change et en apeurant les investisseurs étrangers que le gouvernement parviendra à équilibrer la balance commerciale du pays, ceci étant le réel frein à une croissance durable du Venezuela.
La voie venezuelienne vers la Révolution semble avoir vécu. Seul le gouvernement n’en a pas encore conscience.