Les dix ans de la monnaie unique européenne sont presque passés inaperçus tant les commentateurs et autres acteurs économiques ou financiers sont accaparés par la lutte contre la récession dans les pays industrialisés.
A l’occasion des dix ans de l’euro, le journal Le Figaro a interviewé le directeur exécutif de la plateforme de trading de devises FXCM, François Nembrini. Ce dernier fut interrogé sur les capacités actuelles de la monnaie unique européenne et notamment sur sa capacité éventuelle à s’imposer face au dollar. François Nembrini a alors mis plusieurs bémols à ce scénario sans pour autant écarter totalement l’hypothèse que la monnaie unique européenne devienne enfin une devise de référence, ce à quoi escomptaient les promoteurs de l’euro à ses débuts. Selon lui, avec « des taux plus forts que les autres économies qui font autorité », il faut entendre les Etats-Unis, et « une politique économique coordonnée entre ses membres, la zone euro peut parvenir à sortir de la crise rapidement » et à s’imposer sur l’échiquier mondial. Cependant, bien que le premier critère semble parfaitement rempli pour l’instant, étant donné que Jean Claude Trichet a exclu le scénario de taux zéro, comme c’est actuellement le cas aux Etats-Unis et au Japon, il n’existe pas encore à ce stade de véritable politique économique coordonnée au niveau européen. Certes, il aurait été utopique de lancer un plan de relance européen qui aurait fait fi des structures et spécificités économiques nationales mais, sans gouvernement économique européen, comme l’avait d’ailleurs suggéré Nicolas Sarkozy, l’euro fait pâle figure vis-à-vis des Etats-Unis. En effet, ce sont d’abord, et certainement à juste titre, encore les intérêts nationaux qui prédominent au niveau de l’euroland. D’une certaine manière, la zone euro peut apparaître comme une coquille vide qui, certes a protégé davantage les consommateurs, mais n’a pas abouti à une réelle politique économique européenne.
En fait, le manque cruel de crédibilité de l’euro, sans compter les difficultés économiques qui devraient survenir dans les mois qui viennent d’après le récent rapport de l’OCDE, empêche clairement l’euro de s’imposer dans la durée face au dollar. Les lacunes de l’euro font évidemment parfaitement l’affaire du dollar sur le marché des changes et auprès des investisseurs qui, bien que conscients que les Etats-Unis sont dans une très mauvaise passe en ce moment, font toujours confiance au dollar étant donné qu’il n’existe pas, à l’heure actuelle, une autre monnaie sur laquelle durablement se reporter. L’appréciation actuelle du yen est, en effet, totalement déconnectée des fondamentaux économiques de l’archipel, et ne reflète que les effets de son statut de valeur refuge.
Dans ces conditions, il est à parier que le dollar a encore de beaux jours devant lui et ceux, sur certains forums, qui annoncent un futur krach de la devise américaine, devraient rapidement revoir leur copie.