La devise américaine et la hausse des prix du baril de pétrole furent au cœur des préoccupations des traders cette semaine mais aussi des ministres des finances du G8 réunis pour le week-end dans la ville japonaise d’Osaka.
Bien qu’il fut prévu au départ de ne pas parler des taux de change, en raison de l’absence des banquiers centraux, le renforcement du dollar et ses conséquences sur le cours du pétrole ont été mis rapidement au centre des discussions.
Cherchant une parade à l’inflation qui a particulièrement fait baisser l’euro sur le marché des changes cette semaine, les ministres des finances ont été amenés à évoquer le lien de cause à effet entre le taux de change euro/ dollar et la hausse des prix des produits pétroliers comme l’a souligné Christine Lagarde.
Cette préoccupation concernant le dollar a poussé encore un peu plus la monnaie unique européenne à la baisse, permettant au dollar d’enregistrer vendredi dernier son gain hebdomadaire le plus élevé contre l’euro en trois ans.
Impuissants face à l’OPEP, les membres du G8 pourraient être amenés à empêcher une nouvelle rechute du dollar qui pourrait pousser de nouveau les investisseurs à acheter des contrats sur le pétrole et d’autres matières premières pour couvrir leur risque de change.
Une telle initiative ne serait pas absurde sachant qu’un précédent existe. En effet, la Banque Centrale Européenne, la Fed et la Banque du Japon s’étaient employés en septembre 2000 à freiner la baisse de l’euro.
Bien que le dollar ait connu une bonne semaine, en raison des perspectives de relèvement des taux par la Fed, la défense du dollar est devenue une priorité. En effet, les prix pétroliers ont augmenté de manière concomitante à la dégringolade du dollar, ce dernier ayant perdu la moitié de sa valeur contre l’euro en six ans.
La Réserve Fédérale corrobore la relation entre hausse du baril et faiblesse du dollar, en soulignant que la chute du dollar a représenté le tiers environ de la hausse de 60 dollars du prix du pétrole entre 2003 et 2007.
Ainsi, afin de contrer l’inflation nourrie par la hausse du baril, une intervention de la Fed n’est nullement exclue comme l’a rappelé en marge du sommet Henry Paulson.
Les turbulences actuelles autour du dollar et du pétrole ont pénalisé cette semaine les " comdols ", c’est-à-dire les devises des pays exportateurs de matières premières, qui sont très dépendants de l’évolution du cours du baril. La vitalité du dollar a en particulier pesé sur le dollar australien qui pourrait retrouver des couleurs en raison de la perspective de deux relèvements de taux, chacun d’une ampleur de 25 points de base, avant la fin du quatrième semestre. Toutefois, ce relèvement pourrait être hypothéqué par l’évolution des prix énergétiques.
Enfin, en raison de la crise financière, qui a pénalisé l’euro, les monnaies des pays d’Europe Centrale, dont le zloty ou encore la couronne tchèque, connaissent un regain d’intérêt sur le marché des changes. Pour preuve, la couronne tchèque a battu un nouveau record cette semaine face à l’euro. Cependant, le rétablissement progressif du dollar devrait freiner cet enthousiasme pour les devises d’Europe Centrale.