Nous avons eu l’occasion de parler plusieurs fois ces derniers mois des dangers des politiques monétaires, financières et économiques protectionnistes mises en œuvre par différents Etats. Pour illustrer ces dangers, nous nous dirigeons aujourd’hui vers Israël, qui est rentré depuis mars 2008 dans une logique protectionniste de sa monnaie, le shekel, à l’image d’ailleurs de la Suisse ou de plusieurs pays asiatiques, qui ont tous essayé d’effectuer des dévaluations compétitives en achetant des dollars et en tentant par là-même d’éviter une appréciation de leur monnaie nationale, ce qui défavorise leur secteur des exportations.
La Banque d’Israël, pourtant dirigée par le célèbre économiste Stanley Fischer, s’est donc lancée depuis mars 2008 dans une politique d’achat de devises étrangères destinée à soutenir le shekel, ce qui d’ailleurs n’a pas réussi à le maintenir à un niveau bas, même si les soutiens de cette politique peuvent toujours dire que le cours de la paire USD/NIS aurait été encore plus bas sinon. Durant cette période, suite aux achats, les réserves de devises étrangères de la Banque d’Israël sont passées de 30 milliards d’USD à 60.617 milliards d’USD, selon les derniers chiffres publiés aujourd’hui. Ce qui est intéressant, c’est que le niveau de ces réserves a baissé de 927 millions d’USD le mois passé, pour la première fois depuis février 2009, et ce, malgré des achats de 132 millions d’USD pendant la période. Cette baisse est attribuée au fait qu’une partie de ces réserves est investie en USD, probablement en Euros, et dans une moindre mesure aussi en JPY et en GBP, qui ont beaucoup baissé en décembre face à l’USD.
Ce fait a relancé une vive discussion sur l’usage qui est fait de ces réserves en devise. Selon Chlomo Maoz, l’économiste en chef de la société Excellence et l’un des économistes les plus en vue du pays, ces réserves colossales sont tout simplement très mal investies, ce qui est un scandale public. Ces dernières années, depuis 2003, le rendement sur ce capital ne dépasse pas les 1% ou 1.5%, et les pertes accumulées sur le long terme se chiffrent en de très nombreux milliards de d’USD par an, qui auraient bien entendu pu être utilisés à des fins utiles pour la société israélienne.
Cet exemple ne fait que renforcer ce que nous avons eu l’occasion de dire à de nombreuses reprises : l’intervention gouvernementale sur le marché des changes est nuisible et ne fait que faire encourir aux pays des risques considérables pour des avantages qui sont loin d’être évidents. Israël est en train d’en faire une nouvelle fois l’expérience, mais cette règle est valable pour tout le monde et pour tous les pays. On se demande ce qu’il faut pour que les décideurs assimilent ces règles pourtant simples. Certes, il n’est pas impossible que certains pays soient chanceux et gagnent à ce loto, mais on se demande si le rôle des gouvernements et des banques centrales est de jouer au casino avec les deniers publics.