Le real brésilien continue sa quête afin de s’affirmer sur la scène internationale comme une devise incontournable. Ce mouvement fait écho à la tentative, jusqu’à présent réussie, du Brésil de devenir un acteur international de premier plan, aussi bien au niveau économique, chose faite déjà, qu’au niveau politique avec notamment les tentatives de médiation du président Lula dans la crise iranienne.
En pleine débandade du dollar américain, lorsque la paire EUR/USD atteignait 1,60, les pays émergents avaient appelé à maintes reprises à une refonte du système monétaire international en diversifiant les devises de réserve internationale. Depuis les accords de Bretton Woods , en 1944, le dollar américain est la principale devise de réserve internationale.
La Chine, la Russie, le Brésil, et en arrière-plan l’Inde, avaient fait plusieurs propositions, visant surtout à mettre au premier plan leurs devises respectives. Ainsi, la Russie et la Chine ont abondamment tiré la couverture pour eux, appelant à ce que le rouble, dans le premier cas, et le yuan, dans le deuxième cas, soient élevés au rang de devises de réserve internationale. Cependant, avant que cela ne se produise, la Russie devra parvenir à stabiliser une économie avec un fort potentiel de développement mais qui souffre encore du désinvestissement des années soviétiques. De son côté, la Chine devra accepter de laisser le yuan évoluer librement sur le marché des changes face aux autres monnaies, ce qui n’est pas pour demain.
Entre-temps, il fut alors proposé de faire usage des fameux DTS (Droits de Tirages Spéciaux) du FMI, une option clairement soutenu jusqu’à présent par Dominique Strauss-Kahn qui y voit un moyen de contourner l’influence du dollar à long terme.
Cependant, à la veille d’une réunion importante du G20, le Brésil s’est réveillé. Alors que les années Lula sont en passe de se fermer, le gouvernement actuel a lancé une nouvelle initiative. Le ministre des finances brésilien, Guido Mantega, a ainsi suggéré d’inclure le yuan chinois et le real brésilien en tant que monnaies de conversion pour les DTS du FMI. Jusqu’à présent, seuls le dollar US, la livre sterling, l’euro et le yen sont inclus en tant que monnaies de conversion.
Une réforme du FMI est d’ailleurs prévue en 2011 afin de mieux représenter le poids économique des pays émergents, réforme qui ne devrait certainement pas être menée par Dominique Strauss-Kahn, ce dernier étant appelé à d’autres responsabilités. Afin de poser les bases de cette réforme, le Brésil a ainsi lancé cette initiative qui semble avoir reçu un accueil plutôt favorable du directeur de l’institution.
En effet, il va de soi, selon nous, que le real brésilien deviendra dans les 20 prochaines années l’une des devises majeures du marché des changes, offrant certainement plus de sécurité aux investisseurs qu’un éventuel yuan flottant librement mais probablement victime des tensions sociales en Chine.