Par la force des choses, nous avons beaucoup parlé ces derniers temps de la Grèce, de l’Europe et de l’Euro. Pour changer un peu, voyons quelle est la situation de la dette en-dehors du continent, plus particulièrement dans la deuxième économie de la planète, le Japon, et quelle est son influence sur la monnaie locale, le Yen.
Depuis le début de la crise de la dette souveraine grecque, le JPY est l’un des principaux bénéficiaires des flux de capitaux qui quittent l’Europe pour se réfugier où ils peuvent. Le JPY continue à se traiter de manière inverse au sentiment du risque, et donc à la direction du marché des actions.
Evidemment, pour le Japon, un Yen fort resserre les conditions monétaires et complique leurs efforts dans la lutte contre la déflation.
Le taux d’inflation au Japon a décru pour le treizième mois consécutif en mars, tombant de 1.2%.
La conséquence a été que le gouvernement japonais a mis la pression sur la Banque du Japon pour combattre la déflation en prenant des mesures agressives, bien que la BoJ arrive pour l’instant à repousser la pression populiste des démagogues qui veulent fixer un objectif de taux de change pour le JPY et qui demandent donc une intervention sur les marchés. La BoJ sait bien sûr qu’une telle démarche serait nuisible à l’économie nippone mais le problème est que si le JPY continue son appréciation, la pression politico-démagogue risque de continuer à monter et il n’est pas sûr que la BoJ puisse y résister pendant encore longtemps. Le gouverneur de la BoJ, Shirakawa, a bien dit en avril que la banque centrale ne pouvait pas mettre fin à la déflation, mais bien entendu, la politique suivie par le gouvernement est plus dictée par des considérations électoralistes de popularité que par la nécessité de la responsabilité.
En effet, l’année dernière et au début de l’année, la BoJ avait déjà dû capituler devant la pression politique en augmentant son programme de prêts d’une somme de 20 trillions de JPY et en faisant des prêts sans intérêts à trois mois aux banques commerciales, ce qui revient donc à donner de l’argent gratuit aux banques sur le dos du contribuable ! Mais tout ceci n’est donc qu’une partie de ce que le gouvernement aimerait voir la BoJ faire.
L’amélioration récente de la situation économique dans le pays a permis à la BoJ de ne pas acheter d’obligations du gouvernement mais de nouveau, si la croissance rechute, on risque aussi d’y arriver.
Dans ce contexte, la croissance ayant été moins soutenue que prévue, la force du JPY est prise pour bouc-émissaire, puisqu’il est vrai qu’un JPY fort pénalise les exportateurs, qui représentent une force importante au sein de l’économie nippone. Ceci dit, le JPY fort est plutôt positif pour les consommateurs japonais et l’effet net est difficile à déterminer.
Du côté de la dette nationale, on l’oublie trop souvent, la situation est dramatique. Si on est inquiet pour la Grèce et sa dette qui n’atteint pas encore 150% de son PIB, celle du Japon devrait atteindre à la fin 2011 le chiffre dramatique de 200% du PIB ! Evidemment, à la différence de la Grèce, les Japonais ont aussi des réserves énormes d’épargne qui leur permettent « d’éponger » la dette nationale et de la financer, mais même ça à une fin. Les agences de notation ont averti que si le gouvernement continuait à augmenter le rythme d’émission d’obligations en Yen pour financer le déficit, elles n’auront pas d’autre choix que de baisser la note de crédit du pays, qui est, rappelons-le encore, la deuxième économie de la planète ! En d’autres termes, et bien que les conditions soient différentes, l’équivalent de la crise grecque n’est plus très loin, et au vu de la taille du pays, personne ne pourra cette fois venir à son secours.
Evidemment, dans une conjoncture pareille, le Yen perdrait non seulement ses gains récents, mais pourrait bien s’écrouler. Tout cela est très inquiétant et c’est pourquoi nous ne pouvons que conseiller la plus grande prudence en s’approchant de la devise japonaise. Nous déconseillons sur cette monnaie de prendre une vue de long terme et nous vous suggérons de faire du trading de court terme, qui semble être plus logique, au vu de l’instabilité des événements depuis 2008.
N’oubliez pas vos stops!