Ancien ministre des finances du gouvernement Jospin, ancien professeur à Sciences-Po Paris et candidat à la nomination du parti socialiste contre Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn a une longue expérience des cénacles politiques et économiques. Son expérience et ses compétences lui ont valu d’être proposé par le Président Sarkozy, dans sa politique d’ouverture à l’opposition, comme candidat pour le poste de nouveau directeur général du Fonds monétaire internationale, poste qu’il occupe depuis le 1er novembre 2007.
Lorsqu’il est arrivé il y a quelques mois au sein de cette institution, elle était profondément en crise, à l’instar de la Banque Mondiale, deux institutions, sous le joug américain, héritée de l’après-guerre. Motivé et professionnel, il a su en quelques mois seulement bousculer sans tourments le FMI et lui faire abandonner l’orthodoxie qui la caractérisait pour privilégier des démarches plus pragmatiques et innovantes telles que des subventions temporaires pour lutter contre l’inflation en Afrique.
Dans un entretien récent au quotidien « Le Monde », Dominique Strauss-Kahn s’est exprimé sur la situation économique mondiale, caractérisée par un ralentissement de la croissance et un bond de l’inflation, et a avancé ses solutions pour remettre l’économie mondiale sur de bons rails.
Après s’être attardé sur l’inflation, qui atteint deux chiffres en Afrique, son intervention s’est concentrée sur les solutions à apporter à la crise financière, solutions qui ont cristallisé toutes les attaques. En effet, constatant la surévaluation de l’euro par rapport au dollar, le nouveau dirigeant du FMI s’en est pris aux statuts de la Banque Centrale Européenne, hérités du traité de Maastricht, et à la mise en vigueur de la politique monétaire au niveau européen.
Reprenant à son compte la critique largement partagée en France selon laquelle la Banque Centrale Européenne n’aurait pas de contre poids politique, Dominique Strauss-Kahn, tout en saluant la qualité avec laquelle la BCE contient l’inflation, a stigmatisé la surpuissance de Francfort et a proposé la création d’un vrai ministre européen des finances qui aurait en charge la croissance.
Bien sûr des voies se sont rapidement élevées contre cette proposition de l’autre côté du Rhin, en la personne du président de l’Eurogroupe, tandis que l’hexagone observait un silence d’approbation.
Non pas que Dominique Strauss-Kahn ait fait une mauvaise analyse, car la BCE, trop rigide quant à l’application du traité de Maastricht, est, en effet, si ce n’est trop puissante, autiste. Cependant, sa solution est contestable sur deux points. D’abord, l’expérience décevante du Haut représentant pour la PESC, Javier Solana, qui est démuni de pouvoir réel, n’incite pas réitérer la même erreur en matière de politique économique. Ensuite, il n’est pas judicieux de séparer la croissance et l’inflation en créant deux centres de pouvoir concurrents.
La solution serait au contraire d’intégrer dans le mandat de la BCE le soutien de la croissance et de nominer, non pas des responsables politiques à sa tête, mais des économistes.