Qu’on regarde BFM TV ou lise la presse spécialisée, il arrive régulièrement qu’on entende parler du taux directeur de la BCE. En réalité, les commentateurs devraient plutôt évoquer les taux directeurs de la BCE puisqu’il en existe trois qui ont un impact direct sur le marché et indirect sur les ménages.
Le taux de refinancement de la BCE est le taux le plus communément commenté. Lorsqu’on parle du taux directeur de la banque centrale, c’est à ce taux qu’on se réfère généralement. Il renvoie aux opérations d’open-market menée par la banque centrale afin de refinancer les banques de la zone euro. Il existe différents types d’opérations, mais la plus répandue est l’opération de refinancement à fréquence hebdomadaire et à échéance une semaine. Si le taux de refinancement se situe à 0.75% par exemple, cela signifie que lors de ces opérations, les banques vont pouvoir emprunter de l’argent sur une durée d’une semaine à la banque centrale à ce taux préférentiel.
Le taux de dépôt au jour le jour est l’un des deux taux de la BCE dans le cadre de son dispositif de facilités permanentes. Ce premier taux est le montant versé par la banque centrale aux banques qui déposent de l’argent dans ses coffres. Depuis juillet 2012, ce taux est à 0% ce qui est cohérent avec la stratégie suivie par l’Eurosystème pour réinjecter des liquidités dans le circuit économique, et notamment réactiver le crédit.
Enfin, le taux de prêt marginal au jour le jour est l’autre taux du dispositif de facilités permanentes. Logiquement, c’est le taux versé par les banques à la BCE lorsqu’elles veulent emprunter de l’argent pour une durée d’une journée. Ce taux est plus élevé que le taux de refinancement normalement car ces opérations se font en dehors des opérations classiques d’open-market.
Pour autant, cela n’indique pas vraiment comment ces taux directeurs ont une influence sur le marché financier et sur la vie quotidienne des ménages.
En fait, il y a une étroite liaison entre ces différents taux et les taux du marché interbancaire, le taux EONIA au jour le jour et le taux EURIBOR pour les durées plus longues.
Ces deux derniers taux renvoient au montant que doivent payer les banques lorsqu’elles se prêtent entre elles de l’argent.
Si le marché fonctionne correctement, comme c’est le cas dans la zone euro, le taux EONIA doit évoluer dans un canal de fluctuation compris entre le taux de dépôt au jour le jour et le taux de prêt marginal au jour le jour de la BCE.
Cela semble logique puisque le taux EONIA ne peut pas être inférieur au taux de dépôt au jour le jour sinon les banques ont plus intérêt à utiliser les caisses de la banque centrale plutôt que de se prêter entre elles de l’argent. Similaire, le taux EONIA ne doit pas être supérieur au taux de prêt marginal sinon il est préférable d’emprunter directement à la BCE.
Le taux que paient les ménages lorsqu’ils font un crédit dépend donc directement de la liaison entre les taux de la BCE et les taux du marché interbancaire, c’est pourquoi, par exemple, un ménage contractant un crédit pour l’achat d’une voiture ne va pas payer un taux équivalent au taux de refinancement de la BCE. Le taux appliqué dépend, entre autres, de l’évolution des taux du marché interbancaire et également du profil de risque de l’emprunteur et de nombreuses données endogènes, ce qui ne peut toutefois pas être imputé au marché.