Les spéculations vont bon train sur le marché tandis que le dollar continue de dégringoler. Les déclarations récentes du secrétaire au Trésor, Tim Geithner, et du président de la Fed, Ben Bernanke, appelant à une réduction du fardeau de la dette n’ont, semble-t-il, pas convaincu les investisseurs du forex. En effet, en ce lundi, le dollar s’affiche toujours en recul face aux principales devises, l’euro tirant toujours son épingle du jeu après un plus de haut de quatorze mois la semaine dernière.
Pendant la crise, les dirigeants américains arrivaient encore à sauver les apparences, affichant à tout moment leur volonté d’avoir une politique du dollar fort. Cependant, la magie venue de Washington a cessé. Avec un déficit budgétaire qui a battu un nouveau record à 1 400 milliards de dollars pour l’exercice clos fin septembre, les Etats-Unis peinent à convaincre les investisseurs de leur capacité à restaurer la confiance dans le dollar. Certes, une éventuelle remontée des taux de la Fed devrait redonner au dollar des couleurs mais la crise a révélé une crise de confiance qui devrait être durable en raison du fardeau de la dette que la nouvelle administration américaine ne semble pas plus en mesure de résoudre que la précédente. La crise n’a évidemment pas facilité la situation, Washington s’efforçant de jouer les pompiers auprès d’AIG et d’autres établissements financiers de Wall Street.
Maintenant que la sortie de crise est en vue et que des pays, comme l’Australie ou la Norvège, s’orientent clairement vers une remontée graduelle des taux, la question se pose : est-ce que les Etats-Unis sont en mesure de sauver le dollar?
Comme l’a fait remarqué avec beaucoup de justesse et de réalisme Henry Kissinger dans une interview accordée ce week-end au quotidien « Le Figaro », la crise de confiance envers la devise américaine devrait être durable, notamment du côté chinois. Selon l’ancien conseiller du président Nixon, « Il est clair que les Chinois ne veulent plus de la domination du dollar sur l’économie mondiale. Ils n’ont pas encore vraiment la solution, ils savent que ça ne dépend pas seulement d’eux, mais ce sont des gens patients, qui sont habitués à relever des défis de longue haleine. Comme toujours, ils ne vont agir que très graduellement ».
La pression qui s’exerce sur le dollar reste donc forte. De plus en plus, les investisseurs s’attendent à ce que les gouvernements étrangers décident, par dépit, d’agir afin de sauver la devise américaine. Un tel scénario a été accrédité par les dires de Jean Claude Trichet, gouverneur de la BCE, qui a laissé entendre que l’euro, sous-entendu la surévaluation de l’euro par rapport au dollar, allait être au menu des discussions des ministres des Finances de l’Eurogroupe cette semaine. Ainsi, le salut de la devise américaine pourrait venir de la zone euro.