Après avoir franchi la semaine dernière le seuil de 1,50 dollar sur le marché des changes, les investisseurs s’attendaient à ce que l’euro batte dans les semaines ou les mois à venir un nouveau record, à 1,60 dollar.
Cependant, cette course de la monnaie unique européenne semble entravée comme l’indique la séance d’aujourd’hui sur le marché des changes. En effet, pour la première fois depuis deux semaines, l’euro est passé en dessous de 1,48 dollar en raison d’indicateurs américains mitigés et de doutes sur l’économie de la zone euro.
Cette séance plutôt pessimiste sur le marché des changes, qui fait suite à la dégringolade des bourses hier, devrait inciter les cambistes à réfléchir sur leur stratégie d’investissement. En effet, la plupart des analystes soulignent depuis plusieurs semaines qu’en dépit de craintes liées à l’accès au crédit ou au poids de la dette, l’optimisme est durablement de retour, appuyé par la poursuite des mesures exceptionnelles prises par les banques centrales pour surmonter la crise économique et financière. C’est sur cet optimisme que comptent les devises à fort taux d’intérêt, qui sont aussi souvent liées à l’évolution du cours des matières premières, à l’instar du dollar australien.
De son côté, l’euro a profité depuis plusieurs semaines de l’affaiblissement du dollar, atteignant hier, à l’annonce de la diversification des réserves chinoises, un plus haut depuis 14 mois sur le marché des changes. Pour autant, les doutes pesant sur la reprise pourraient infliger à l’euro un camouflet. En effet, les chiffres du crédit inquiètent : le crédit au secteur privé a connu une contraction de 0,3% en septembre sur un an. De plus, la masse monétaire M3 qui est un indicateur de l’inflation a connu un net ralentissement le mois dernier, avec une augmentation de seulement 1,8% contre 2,1% attendu par les économistes.
Enfin, les indicateurs économiques publiés aujourd’hui outre-Atlantique ont incité à la prudence, ce qui a profité au dollar en tant que valeur refuge. Même si la baisse des prix dans l’immobilier semble se ralentir d’après l’indice S&P/Case-Schiller dans les grandes agglomérations américaines, la baisse contre toute attente de l’indice de confiance des consommateurs du Conference Board au mois d’octobre a jeté un froid sur la reprise de l’économie américaine. En effet, la demande intérieure est le principal pourvoyeur de croissance aux Etats-Unis et, semble-t-il, le gouvernement n’a pas encore réussi à restaurer la confiance parmi les consommateurs. Heureusement, la chute du dollar offre des opportunités d’exportations à l’étranger que n’ont pas connu depuis longtemps les Etats-Unis.