L’innovation est le résultat d’un processus de R&D qui fait clairement défaut à la France. Selon différents rapports, la France consacre seulement 1.9% de son PIB pour la R&D contre environ 2.7% pour les Etats-Unis, 3% pour le Japon et surtout 5% pour Israël. Le manque d’efforts financiers dans ce domaine a une conséquence directe sur l’état de l’économie française, à savoir une perte de marché à l’exportation sur les produits à forte valeur ajoutée, ce qui contribue à la dégradation du commerce extérieur qui a affiché un déficit de 7 milliards d’euros en avril dernier, et nuit au final à la croissance. Croissance étant synonyme de création d’emplois.
Bien que des efforts aient été entrepris sur le terrain fiscal, beaucoup reste encore à faire également afin de permettre, comme c’est le cas aux Etats-Unis ou en Israël, le développement des fonds d’investissement en capital-risque qui favorisent l’innovation en plaçant des capitaux dans des entreprises innovantes à leurs débuts, c’est à dire au moment où elles sont le plus fragile. Les FCPI (Fonds communs de placement dans l’innovation), bien qu’ils soient de plus en plus populaires, ne font pas l’objet d’avantages fiscaux suffisamment décisifs. Pour 2011, le gouvernement a fait un geste pour les contribuables redevables de l’ISF en portant de 18 000 euros à 20 000 euros le plafond fixé de réduction d’impôt en cas d’investissement dans un FCPI. Mais, pour les contribuables redevables de l’impôt sur le revenu, c’est une stratégie contraire qui fut appliquée, en diminuant à 22% contre 25% précédemment le taux de réduction possible pour un montant pouvant aller jusqu’à 12 000 euros (pour un célibataire). Cadeau fiscal en prévision des prochaines élections pour les hauts revenus et aucune stratégie fiscale cohérente pour favoriser l’innovation sont le bilan de l’action du gouvernement en 2011 sur ce terrain.
A défaut d’une véritable impulsion du gouvernement français, le salut pourrait venir de l’Europe. L’UE s’est en effet fixée des objectifs ambitieux en aspirant devenir la première économie de la connaissance d’ici à 2010 en investissant 3% de son PIB dans la recherche et l’innovation. Malheureusement, l’objectif n’a pas été atteint, l’Europe plafonnant difficilement à 1.8%. Instauration de mesures fiscales incitatives, brevet européen unique, mobilité entre les chercheurs des différents pays sont autant de chantiers en panne au niveau européen. Tout autant que la France, l’Europe manque cruellement de vision stratégique et de feuille de route en matière d’innovation.
Pourtant, les solutions existent.Il suffirait de développer une véritable politique de l’innovation par la demande, c’est à dire via un vrai accompagnement et une véritable orientation des pouvoirs publiques, en se concentrant sur les secteurs réellement innovants et à fort potentiel de croissance. Parmi ces secteurs, celui des technologies biométriques à des fins commerciales et gouvernementales. Alors que l’Europe possède des géants du secteur, comme Sagem ou les entreprises allemandes Dermalog et Cognitec, les pays européens n’ont aucun poids sur ce marché à fort potentiel de croissance et de créations d’emplois face à Israël et aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, dans ce secteur d’activité très favorable à l’émergence de start-ups, les américains ont mis en place depuis le début des années 90 une seule structure qui coordonne l’action des entreprises du secteur, le Biometric Consortium, qui est directement lié au gouvernement américain via la NSA et le National Institute for Standards and Technology. S’ajoutent aussi des incitations fiscales et une véritable impulsion du législateur qui favorise la R&D.
Un tel exemple serait indéniablement à suivre en France ou, encore mieux, au niveau européen. La France peut se contenter d’une croissance honorable par rapport à ses partenaires européens mais incapable de réduire significativement le taux de chômage ou peut choisir de miser sur une croissance durable sur le long terme et particulièrement créatrice d’emplois, mais en prenant quelques risques.