Toute la semaine ne fut que rythmée par l’attente fébrile des chiffres du chômage américain. Les investisseurs du marché des changes ont pu poussé un souffle de soulagement vendredi à l’annonce d’une baisse des destructions d’emplois outre atlantique au mois d’août. En effet, de juin à août, les destructions d’emplois ont dégringolé, passant de 463 000 à 216 000.
Ces chiffres ont largement rassuré les cambistes qui semblent anticiper l’avenir sous un jour meilleur. Certains escomptent même des relèvements de taux dès l’automne alors que la Banque Centrale Européenne a revu ses prévisions de croissance à la hausse pour la zone euro. Les inquiétudes liées à l‘inflation exprimée lors de la réunion de la Banque de Réserve australienne ont crédibilisé pour certains l’hypothèse d’un relèvement des taux dès octobre en Australie, ce qui pourrait éventuellement renforcer encore un peu plus le dollar australien.
Cependant, la prudence devrait être encore de rigueur sur le marché des changes comme l’a sous-entendu lors de la conférence de presse de jeudi dernier Jean Claude Trichet. Certes, la reprise est sur les rails mais la crise est encore loin d’être terminée. Même si le marché de l’emploi se dégrade moins qu’il y a encore quelques mois, le chômage devrait rester pendant plusieurs trimestres à des niveaux encore élevés, ce qui devrait refroidir les investisseurs. Outre atlantique, le Trésor américain prévoit que le chômage ne devrait pas commencer à se résorber avant au moins un an.
De plus, les cambistes oublient trop souvent l’impact de la situation économique en Chine. La chute spectaculaire de la bourse de Shanghai en début de semaine montre à quel point la Chine joue un rôle de plus en plus important sur les marchés. En effet, même si de nombreux facteurs plaident en faveur d’une reprise rapide de l’activité, la Chine pourrait freiner cette reprise mondiale par ses difficultés et sa politique économiques.
Un relèvement des taux de la part de la Banque de Réserve australienne pourrait être hypothéquer par la baisse de la demande de matières premières de la Chine. En effet, Pékin envisage une limitation de la production d’acier et d’autres métaux afin d’éviter une crise de surproduction. Par ailleurs, Pékin a annoncé il y a quelques semaines une restriction de l’accès au crédit qui a affolé les cambistes, les poussant à se replier sur les valeurs refuge.
Dans les semaines qui viennent, les valeurs refuge devraient conserver un certain lustre sur le marché des changes, des couacs ne devant pas tarder à gripper la reprise sur les marchés. Entre temps, les traders y croient. Preuve en est, le dollar qui est habituellement considéré comme une valeur refuge en période de crise, profite désormais de l’annonce de bonnes nouvelles sur le terrain économique américain.