« Abenomics »
Pour les débutants du marché des changes qui ignoreraient la signification du terme « abenomics », sachez qu’il se réfère à l’ensemble des politiques économiques mises en place par le premier ministre Abe depuis 2012. Des politiques économiques ayant trois objectifs majeurs : assouplissement monétaire et réformes structurelles orientées vers une stimulation globale de la croissance ; conjurer la déflation ; rogner le déficit budgétaire.
Concrètement, Abe a chargé la banque centrale du japon d’atteindre des objectifs d’inflation situés à 2% par le biais d’un assouplissement quantitatif. Elle a donc lancé un premier programme de QE à hauteur de 60/70 milliards de yen par an en 2013 avant de l’élargir à 80 milliards de JPY par an en 2014. Les effets secondaires du QE ont entrainé la devise nippone vers des niveaux plus faibles ce qui a permis aux exportations de prospérer.
Augmenter la taxe sur les ventes de 5% à 8% en 2014 a également fait partie du programme « abenomics ». Cela a permis de donner au gouvernement plus de fonds pour financer l’augmentation des coûts de la protection sociale et pour réduire une partie de l’endettement du pays. Cependant, cela a porté un coup énorme aux dépenses de consommation obligeant le gouvernement japonais à retarder la prochaine hausse de cette taxe d’au moins deux ans.
Alors que l’ensemble de l’économie mondiale est confronté à des vents contraires, le premier ministre Abe pense qu’il est temps de se concentrer à nouveau sur une relance économique.
Que comprend le nouveau plan de relance japonais ?
A ne pas confondre avec la stimulation monétaire de la banque centrale du Japon qui peut impliquer l’impression de plus d’argent pour les achats d’obligation ou l’abaissement des taux d’intérêt, un plan de relance économique se réfère généralement à des mesures fiscales imposées par le gouvernement dans le but de soutenir la demande intérieure.
Le premier ministre nippon a annoncé la mise en place d’un plan de relance économique d’un montant de 10 milliards de yen consistant en des mesures visant à encourager les investissements futurs et à accélérer la sortie de la déflation. Ceci étant dit, les détails concrets de ce programme de relance seront véritablement dévoilés demain 12 juillet.
Cela signifie t’il que la BoJ ne sera pas obligée d’assouplir sa politique monétaire ?
Peut-être, peut-être pas. En effet, d’une part, les décideurs de la banque centrale du Japon pourraient préférer attendre que la relance du gouvernement produise ses effets avant d’appliquer ses propres outils de politique monétaire. Gardez en tête, d’autre part, que le premier ministre Abe a promis de prendre des mesures larges et audacieuses selon ses termes, pour stimuler l’activité économique ce qui pourrait conduire la BoJ à accélérer ses efforts de QE.
Pour couronner le tout, les responsables gouvernementaux ont exprimé leur désir de voir le yen à des niveaux plus faibles. L’actuelle appréciation de la monnaie nippone pèse sur les prix intérieurs et le commerce en général. Le jawboning ne semble, en plus, pas produire les effets escomptés alors les décideurs pourraient être contraints de recourir à des mesures d’assouplissement réelles. Pour information la prochaine décision de la BoJ aura lieu le 29 juillet prochain.
Quel avenir pour le yen japonais ?
Les ours de yen profitent, pour le moment, du fait que la perspective de relance supplémentaire puisse faire pression à la baisse sur la valeur de la monnaie. Cependant, ce comportement pourrait être de courte durée dans la mesure où l’aversion pour le risque semble être le sentiment dominant sur le marché ders changes depuis le vote en faveur du brexit.
La banque centrale du Japon assouplira t-elle ou non sa politique monétaire au cours de sa prochaine réunion ? Seul l’avenir nous le dira !