Au cours de ces récents discours, Mario Draghi a, à maintes reprises, laissé entendre que la Banque Centrale Européenne (BCE) serait disposée à plus d’assouplissement. Ces propos sont en vérité assez surprenants quand on considère que les récents indicateurs macroéconomiques pour la zone euro ont montré une nette amélioration, en particulier au niveau de la confiance des consommateurs.
Cependant, il semble probable que Mario Draghi envisage de maintenir les taux d’intérêt à long terme bas, comme le fait d’ailleurs la Réserve Fédérale (FED), et tienne aussi à s’assurer que la reprise reste sur de bons rails et qu’il n’y ait pas une rechute de la croissance dans les trimestres à venir.
La solution qui semble pour le moment privilégiée par la Banque Centrale Européenne est celle de recourir de nouveau aux opérations de refinancement à long terme, LTRO dans le jargon de la BCE. En d’autres termes, la banque centrale prêterait de l’argent à très long terme à un taux privilégié aux banques de second rang pour qu’elles continuent de prêter à bas coût aux agents économiques et afin de conserver un haut niveau de liquidité sur le marché monétaire. La BCE a, depuis le début de la crise, mis en oeuvre deux opérations de LTRO qui ont connu un large succès, à trois ans à chaque fois. Au début de l’année, la banque centrale avait fait publiquement savoir que les banques de second rang ont déjà remboursé une grande partie des montants prêtés, ce qui avait été considéré par le marché des changes comme le signe d’un rétablissement de conditions économiques plus normales.
L’autre solution qui pourrait être envisagée mais qui semble moins avoir les faveurs de la BCE est celle d’une baisse des taux. Mario Draghi a réitéré récemment ses propos concernant le fait que les taux vont rester bas ou encore plus bas pendant une période prolongée. On voit que la BCE a ainsi une approche similaire à la FED. Le Conseil des gouverneurs a déjà évoqué cette possibilité, comme ce fut révélé lors d’une conférence de presse, mais encore rien n’a été décidé. Il semble toutefois que les membres du Conseil proches de Mario Draghi considèrent que la banque centrale va devoir agir de nouveau, la reprise économique n’étant qu’à ses débuts dans l’eurozone. Pour prévoir à l’avance une action de la banque centrale, il faudra surveiller de très près les prochains indicateurs macroéconomiques. S’ils s’avèrent décevants, comme ce fut le cas de l’IFO allemand mardi, la BCE pourrait vouloir aider un peu plus l’économie européenne.
Dans tous les cas, cela pourrait conforter l’avance de l’euro face au dollar américain puisqu’on a pu remarquer que le volontarisme de la banque centrale a toujours été bien accueilli depuis le début de la crise par les cambistes. Un nouveau coup de pouce devrait confirmer le retour de l’euro sur le forex.