Ces dernières semaines, la devise américaine avait connu un renforcement considérable sur le marché des changes, notamment face à la monnaie unique européenne, sur fond de craintes grandissantes concernant une probable récession de certains pays membres de la zone euro.
Cependant, les projecteurs se sont rapidement tournés en début de semaine sur la situation financière des Etats-Unis avec l’annonce de la faillite de la banque d’affaires de Wall Street, Lehman Brothers, alors que le Trésor et la Réserve Fédérale avaient pris le dossier en main afin de trouver un repreneur.
L’annonce de la faillite de Lehman Borthers a provoqué un électrochoc parmi les investisseurs qui ont fui massivement le risque et se sont repliés sur des valeurs refuges, notamment le yen. En décidant de laisser tomber en faillite Lehman Brothers, les autorités américaines ont voulu envoyer un signal ferme aux marchés. En effet, depuis le début de la crise des subprimes, les autorités américaines n’ont pas failli, notamment lors du sauvetage de Bearn Stearns au printemps, afin de rassurer les investisseurs. Toutefois, il était nécessaire de leur faire comprendre, tout en évitant un risque systémique qui aurait pu abattre une partie du système financier américain, qu’ils devaient assumer leurs égarements.
Mission accomplie apparemment. La Réserve Fédérale et le Trésor n’ont pas eu le temps de souffler puisqu’à l’épisode Lehman Brothers, qui s’est conclu par un rachat partiel par Barclays en fin de semaine, a succédé l’épisode AIG puis les spéculations autour de l’avenir de Morgan Stanley. Le Royaume Uni n’a pas non plus été épargné par cette nouvelle vague destructrice de la crise des subprimes puisque la banque HOBS, en difficulté, a été rachetée par la Lloyds TSB, permettant de laver l’échec de l’épisode Northen Rock dont la gestion par Gordon Brown fut vivement critiquée.
Face aux inquiétudes des marchés, les bourses mondiales tombant dans le rouge et le dollar chutant de nouveau face aux principales devises, les banques centrales sont massivement intervenues, injectant des liquidités dans le système financier afin d’éviter une détérioration de la situation. Les derniers chiffres, divulgués par la presse, tablent sur plus de 400 milliards de dollars.
Afin de redonner confiance aux investisseurs et de montrer que la situation ne leur échappait pas des mains, les autorités américaines ont décidé de prendre les devants en annonçant jeudi en fin de journée l’ouverture de négociations avec le Congrès américain afin de mettre en place un organisme, sur le modèle de la Resolution Trust Corporation établie afin de mettre un terme à la crise des S&L dans les années 80. Le succès de la Resolution Trust Corporation qui est parvenue à assainir la situation est encore dans les mémoires et a rassuré les marchés, permettant une hausse des principales bourses mondiales et du dollar sur le marché des changes.
Toutefois, les gains du dollar ont été effacés à la clôture des marchés vendredi avec l’annonce de la Réserve Fédérale d’acheter des obligations de Freddie Mac et Fannie Mae. Les marchés restent toujours fortement en proie à la volatilité.