L’hésitation était palpable ce week-end parmi les analystes du marché des changes, certains considérant que le G7 allait mettre en garde fermement contre une trop forte dépréciation du dollar. Tout aurait en effet pu porter à y croire puisque, même si le dollar ne fut pas évoqué officiellement au G20 de Pittsburgh, il était dans toutes les bouches. Tim Geithner, secrétaire au Trésor, a depuis ce sommet multiplié les allocutions en faveur d’un dollar fort face aux autres devises. Rien à faire. Le dollar est toujours faible et, d’après les analystes du marché des devises, il devrait poursuivre son affaiblissement lors des semaines à venir. Certains osent même prédirent un dollar tombant à 1,55 euro contre 1,45 à l’heure actuelle.
Le quasi mutisme du G7 sur la dépréciation du dollar ne devrait certainement pas aider la devise américaine à remonter la pente. Encore faut-il toutefois que les américains souhaitent vraiment que le dollar se redresse. Le doute est permis. Certes, dans les discours, Tim Geithner s’évertue à rassurer ses partenaires américains mais, personne n’est dupe, la situation actuelle fait l’affaire de Washington. En effet, une forte baisse du billet vert pourrait permettre, en théorie, de doper les exportations américaines et de réduire l’imposant déficit commercial des Etats-Unis.
Un autre moyen d’y arriver, sans recours à une baisse généralisée du dollar face aux autres monnaies, serait que le yuan s’apprécie davantage sur le marché des changes. Un yuan plus fort aurait pour conséquence de réduire le déficit commercial américain vis-à-vis de la Chine. Toutefois, en dépit de l’appréciation du yuan depuis plusieurs années, un fossé subsiste. Peu importante l’insistance des américains à appeler à une hausse du taux de change du yuan, la devise est toujours sous-évaluée. Le communiqué du G7, qui ressemblait à s’y méprendre à celui du mois d’avril, est presque resté muet au sujet du yuan, saluant seulement les efforts accomplis par Pékin. Efforts qui sont toujours insuffisants toutefois.
Cette réunion des ministres des Finances, accompagnés des banquiers centraux, fut donc un non évènement pour les acteurs du forex. Pourtant, cette occasion ratée, puisque c’est le cas, aurait pu être sauvée. En effet, plusieurs sources du G7 ont notamment fait savoir à la presse que les responsables politiques ont discuté sérieusement de l’opportunité de faire comprendre au marché qu’ils ne laisseront pas le dollar filer. Apparemment, la frilosité l’a emporté.