C’était l’autre géant asiatique, souvent appelé la plus “grande démocratie mondiale” pour contraster avec l’expérience politique chinoise. L’Inde a entamé, après plus de deux décennies de croissance exponentielle, son déclin en 2011.
Tous les principaux indicateurs habituellement pris en compte par les économistes sont en déclin: l’indice phare de la Bourse de Bombay, le BSE 30 a chuté de 18.06% sur un an, la pire performance des économies émergentes, le PIB ne devrait augmenter que de 7.5% cette année contre 9% prévu et la monnaie nationale, la roupie indienne, a essuyé une baisse de 13.14% face à l’USD et de 13.72% face à l’euro sur l’année.
Il serait trop facile d’accuser uniquement le contexte économique global, caractérisé par une crise souveraine européenne difficile à gérer et un ralentissement économique mondial. D’autres pays, parmi les émergents, comme la Chine, continuent d’accumuler des chiffres qui soulignent la confiance des investisseurs dans ces économies.
En fait, l’économie indienne souffre de deux maux assez communs aux pays émergents: l’inflation et la fuite des capitaux. L’inflation est certainement le pire danger actuel pour la croissance indienne. Depuis décembre 2010, et en dépit des efforts de la banque centrale indienne qui a, à maintes reprises, relevé les taux, l’inflation reste décidément ancrée au-dessus de 9% avec des pointes à deux chiffres. Pire, afin d’endiguer une inflation galopante qui a causé des troubles sociaux cette année, la hausse des taux a eu des conséquences désastreuses puisqu’une récente étude du ministère des Finances a démontré qu’elle est en partie responsable de la chute de la croissance industrielle de 5% d’avril à septembre.
En augmentant les taux, la banque centrale a ainsi réduit la liquidité sur le marché indien au cours de l’année, ce qui oblige désormais l’institution à faire marche arrière et à injecter de nouveau de la liquidité via des rachats de dette. Rien de positif pour le secteur bancaire indien, ce qui a conduit l’agence Moody’s a placé sous perspective négative les banques du pays.
Dans le même temps, à l’heure de la crise souveraine dans la zone euro, les scandales de corruption se sont multipliés ces derniers mois en Inde, alors que le pays était réputé plus stable et sérieux en la matière pour les investisseurs étrangers que la Chine, par exemple. Les investisseurs étrangers ont donc décidé de réduire leur exposition, et de rapatrier leur argent, ce qui a entretenu le cercle infernal de la baisse d’activité en Inde.
Face à cette situation, la banque centrale parait, comme souvent, désarmée. Au cours de sa dernière réunion de politique monétaire, l’institut d’émission a affirmé que l’éventualité d’une hausse des taux pour réduire l’inflation est très faible car, l’objectif premier, du gouvernement, est de freiner la baisse de la croissance, qui risque de s’accentuer pourtant en 2012. Officiellement, l’institut monétaire envisage de favoriser la demande domestique mais, sans hausse des taux, afin d’épargner le portefeuille des indiens, il ne pourra y parvenir. A priori, une réelle stratégie de sortie de crise en Inde reste à mettre sur pied car la politique monétaire actuelle de New Delhi est fortement contradictoire.