Nous aurions pu aussi bien nous interroger sur l’éventualité d’un effet McCain mais, du fait d’abord de l’âge du candidat et ensuite du fait qu’il appartienne au même parti que l’administration sortante, il est probable que l’effet soit moindre.
Traditionnellement, les marchés ont toujours réagi à une élection présidentielle aux Etats-Unis et réagissent traditionnellement plus positivement si le candidat élu est lié au parti républicain, plus prompte à laisser le marché se réguler de lui-même. Bien sûr, tout cela relève de la théorie. Les marchés, notamment le marché des changes, avaient très bien réagi à l’élection du démocrate Bill Clinton, qui avait axé sa campagne sur l’économie, en 1992, et l’administration Bush, tenante d’une ligne économique orthodoxe, n’a pas hésité récemment à intervenir vigoureusement afin de sortir le pays de la crise des subprimes. Ainsi, le pragmatisme prend toujours le dessus sur l’idéologie, du moins outre-atlantique.
Après l’aventure irakienne, rapidement devenue impopulaire parmi l’opinion publique, la crise des subprimes a porté un coup dur à l’administration Bush qui, de toute évidence, ne verra pas à temps la sortie de crise. Par conséquent, ce sera au nouveau président américain d’offrir de nouvelles perspectives aux citoyens.
Après un plat de résistance destiné à prouver la stature internationale du sénateur Barack Obama, le débat politique s’est rapidement déplacé vers l’économie. A l’instar de ses positions en matière de politique étrangère, les propositions économiques de Barack Obama sont soit floues soit dénuées d’originalité. En effet, à part un discours creux mais lyrique, Barack Obama semble bien incapable de rassurer les marchés financiers.
Certes, il propose un nouveau plan de relance, similaire à celui négocié entre le Congrès et la Maison Blanche, qui a permis de donner momentanément un peu de souffle à la consommation et par conséquent au dollar. Cependant, cette idée se retrouve également dans le programme du candidat républicain.
Seule idée révolutionnaire, reprise depuis longtemps par John McCain, celle de donner plus de place aux énergies renouvelables afin de lutter contre la hausse des cours du pétrole qui pèse lourdement sur la consommation et le cours du dollar par rapport aux autres devises. A cela, John McCain propose d’autoriser de nouveau les forages en mer, proposition à laquelle s’est joint Barack Obama, pourtant fermement opposé au départ, voyant l’opinion publique se rallier à l’idée du candidat républicain. Il est alors logique de se demander si les marchés vont être rassurés par un président si versatile en économie qu’en diplomatie. Il n’est nul besoin de rappeler le revirement spectaculaire de Barack Obama sur le statut de Jérusalem.
Toutefois, le souvenir de l’administration Bush est tellement mauvais que les marchés financiers seront enchantés de tourner la page. Une éventuelle élection du sénateur Obama pourrait par conséquent ouvrir la porte à une embellie éphémère qui devrait se répercuter sur le cours du dollar sur le marché des changes. Toutefois, l’état de grâce devrait être de très courte durée car le programme économique de Barack Obama suinte le keynésianisme et le retour du New deal. En effet, il propose notamment une politique de grands travaux d’un montant de 66 milliards de dollars qui, dans les années 30, aurait parfaitement réussi. Cependant, le contexte est totalement différent de nos jours avec l’accentuation des échanges par le biais des marchés financiers.
Certes, Barack Obama n’est pas le seul à blâmer. McCain n’est pas plus ambitieux en proposant des réductions d’impôt. L’un comme l’autre sont emprisonnés dans des calculs précis afin de conserver leur électorat traditionnel et séduire les indépendants. Ce qui est important, c’est de savoir si, lorsque le nouveau président sera en place, il saura prendre les décisions qui s’imposent sans tergiverser. A ce jeu là, John McCain semble quand même plus constant que son concurrent démocrate.