La crise des subprimes, passée la stupeur de l’été, a continué à se propager et à endommager le système bancaire. Alors que la situation semblait corrigée fin octobre 2007, les taux interbancaires ont recommencé à se tendre ce qui a forcé les banques centrales au mois de décembre à injecter massivement des liquidités.
Se référant pour justifier leurs interventions au modèle de la crise de 1929, les banques centrales seront-elles en mesure sur le long terme de faire face à cette nouvelle crise ? Ne faudrait-il pas mieux tirer les enseignements de la crise japonaise des années 1990 qui, partant du krach de la bulle immobilière, a sclérosé le système bancaire pendant une décennie provoquant l’atonie de la croissance économique ?
Cette crise de liquidité, en dépit du secours des fonds asiatiques, devrait s’éterniser car les pertes enregistrées s’élèvent à un rythme de 30 milliards par trimestre sur un total de 400 milliards. Néanmoins, les avis sont partagés sur l’ampleur de la crise puisque certains prédisent une récession tandis que d’autres, en tête les économistes de l’OCDE, se veulent rassurant sur la solidité de l’économie et ne prévoient qu’un faible ralentissement de la croissance légèrement en deçà de 2%.
Ces avis antagonistes montrent à quel point la crise est encore mal comprise et, par conséquent, mal maîtrisée. Face à l’ampleur extraordinaire des pertes, seules les banques centrales peuvent intervenir. Elles ne disposent en fait que d’un seul levier pour recapitaliser, sans l’avouer, les banques commerciales : la baisse des taux. En effet, plus les taux d’intérêt sont bas, plus la valeur d’un actif est importante ce qui permet aux banques de reconstituer leur capital et de revaloriser leurs actifs.
A l’instar d’Alan Greenspan, Ben Bernanke semble disposer à baisser les taux américains en cas de crise. A l’inverse, la BCE se contente de fournir autant de liquidités que nécessaire sans oser baisser ses propres taux. Paradoxalement, la BCE s’inquiète davantage de l’inflation que la Fed alors que le risque est plus élevé outre-atlantique. En effet, le dollar affaiblit relance la croissance et l’inflation aux Etats-Unis, a contrario de l’Europe.
Le major risque pour la nouvelle année est qu’une inflation considérablement plus forte que prévu outre-atlantique ne force la Fed, en cas de propagation de la crise à l’ensemble de l’économie, à renoncer prématurément à la baisse attendue des taux. Certes, le dollar se consoliderait mais les banques, ainsi que la bourse, en pâtiraient. L’année 2008 s’ouvre donc sur un dilemme : effondrement du dollar ou krach boursier ?