Le dollar avait commencé la semaine dernière plus en forme que les semaines précédentes, marquées par des records consécutifs de l’euro face au dollar. Cette phase de redressement, aussi bien face à l’euro, au yen ou à la livre sterling, avait été alimentée par la baisse moins forte que prévue des taux de la Réserve Fédérale qui avait rassuré les marchés, sur fond de sauvetage réussi de la banque d’affaires Bear Stearns.
Cependant, la devise américaine a rapidement décroché en début de semaine dernière sur le Forex pour rejoindre progressivement ses précédents records. Cette nouvelle chute du dollar fut alimentée par la publication de statistiques aussi déprimantes les unes que les autres. L’indice de confiance des consommateurs est tombé à son plus bas niveau depuis 5 ans, les prix de l’immobilier poursuivent leur chute, accusant un repli de 11% sur un an et les commandes de biens durables ont considérablement baissé.
La faible progression jeudi du dollar fut liée essentiellement aux rapports montrant une croissance américaine conforme aux attentes du marché au quatrième semestre et une baisse du chômage la semaine précédente. Cependant, les experts s’accordent pour analyser cette progression comme le résultat temporaire d’une pause des investisseurs avant de pousser l’euro vers de nouveaux records historiques face au dollar sur le marché des devises.
Dans de telles conditions, et face à un avenir pessimiste, les prévisions tablent sur une baisse de 50 points de base du taux de la Fed, lors de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire, ce qui aurait pour résultat d’établir le taux directeur à 1,75%.
L’euro, fort de statistiques plus optimistes, profite de cette faiblesse conjoncturelle du dollar au grand dam des dirigeants politiques et industriels de la zone euro. La publication du baromètre de l’institut IFO mesurant le moral des patrons allemands a accusé une hausse ce qui a conforté la position de Jean-Claude Trichet. Ce dernier, s’exprimant devant le Parlement Européen, a en effet justifié sa politique de statu quo au motif des pressions inflationnistes. Ainsi, d’après ses propos, une baisse dans l’immédiat des taux de la BCE n’est pas d’actualité ce qui devrait par conséquent renforcer dans les semaines qui viennent la position de l’euro face au dollar sur le Forex, voire lui faire franchir de nouveaux records à la faveur d’une détérioration de la situation économique outre-atlantique.
Cette perspective ne devrait pas réjouir les dirigeants de la zone euro qui sont nettement plus préoccupés par la baisse des prévisions de croissance dans la zone euro pour 2008 à un niveau de 1,8%. Ces préoccupations ont entre autres été relayées par le Président français lors de sa visite d’Etat au Royaume-Uni.