Nul n’est sans savoir l’impact négatif de l’augmentation des prix du pétrole sur la vitalité de la devise américaine sur le marché des changes. Qui dit nouvelle augmentation du cours du brut dit nouvelle baisse du dollar.
Dernièrement, le dollar a d’ailleurs plutôt profité d’une accalmie dans ce domaine avec un baril aux alentours de 120 dollars, notamment parce que la production pétrolière du Golfe du Mexique fut épargnée par la tempête tropicale, ce qui a permis au dollar de résister assez bien aux déceptions engendrées par la faiblesse de la croissance américaine au deuxième trimestre.
Face à la montée du prix de l’or noir, les gouvernements s’évertuent à trouver des solutions tout azimuts. Outre l’impact sur le cours du dollar, qui ne satisfait définitivement ni les partenaires de la zone euro ni la Chine, la hausse du pétrole se fait ressentir partout. D’abord sur la consommation qui baisse et sur l’inflation qui augmente. Il n’est pas loin le temps où les acteurs du marché s’inquiétaient d’un baril aux environs de 100 dollars. Maintenant, ils doivent se faire à l’idée d’un baril qui devrait durablement rester ancrer autour de 130 voire 140 dollars, en dépit du récent relâchement.
Les solutions, il y en a évidemment. Encore faut-il qu’elles soient réalistes. Le président Bush envisage d’autoriser de nouveau les forages en mer. C’est une solution de moyen terme qui, faisant fi de l’aspect écologique, n’a néanmoins aucune chance d’être votée en raison de l’opposition du Congrès. Sur le court terme, la France fait mieux. En effet, Ségolène Royal a proposé de taxer les résultats du géant pétrolier Total, qui affiche un bénéfice net de 7 milliards d’euros en dépit de la baisse continue du dollar, afin de reverser pour l’hiver un chèque de 300 euros aux plus défavorisés. Une telle proposition a une sale odeur d’hiver 54, avec le populisme en plus. Quoi de mieux pour caresser dans le sens du poil les français mais quoi de pire pour l’image de la France ! Taxer l’une des entreprises qui incarne le mieux la réussite du capitalisme français (désolé pour le gros mot).
Si la France, les Etats-Unis ou tout autre pays souhaitent infléchir le poids du pétrole sur le marché des changes et l’économie en règle générale, ça ne pourra être qu’en développant les énergies renouvelables et en faisant ainsi éloigner le spectre d’une raréfaction de l’or noir. C’est alors aux actionnaires de prendre les devants, comme l’ont fait une minorité d’actionnaires d’Exxon Mobil. Si l’Etat veut s’y joindre, ce n’est pas en taxant. Au pire, en forçant les entreprises pétrolières réticentes à investir dans les énergies renouvelables par le biais d’incitations. Il faut toujours agiter la carotte.
C’est le seul moyen pour cesser cette mainmise du pétrole sur nos économies et cesser le diktat de l’OPEP qui, exception faite de l’Arabie Saoudite, n’est pas très coopératif.
Alors, ceux qui s’inquiètent de l’impact du pétrole sur le taux de change du dollar pourront sourire et tourner les yeux vers d’autres indicateurs.