Le plus beau dans la vie, ce sont certainement les coïncidences. Néanmoins, elles peuvent parfois réserver de très désagréables surprises parfois. Les marchés ont eu à peine le temps de souffler à l’annonce d’un accord sur le plan de sauvetage de Wall Street que, par une subtile translation, ce fut le système financier européen qui fut chahuté. Qu’une nouvelle banque ait fait faillite au Royaume-Uni, ce ne fut pas une réelle surprise. Le gouvernement Brown a su, après l’épisode malencontreux de Northen Rock, réagit avec diligence pour ne pas s’attirer les critiques. Toutefois, les marchés s’attendaient certainement moins à la déroute d’un géant de la zone euro, en l’occurrence Fortis. Une nouvelle, les gouvernements ont réagi avec efficacité et rapidité. Après tout, ils n’avaient pas beaucoup de choix.
La question qui se pose maintenant est double : faut-il s’inquiéter d’une réaction en chaîne, similaire à celle qu’ont connu les Etats-Unis avec les faillites en cascade de la semaine dernière et, si un tel scénario venait à se produire, est-ce que les gouvernements de la zone euro seront en mesure de réagir comme l’a fait l’administration Bush afin de rassurer les marchés.
De toute évidence, le problème pourrait venir à se poser. L’idée d’un plan de relance commence à faire son chemin dans les esprits des dirigeants de l’euroland. Toutefois, la récente expérience espagnole montre les limites d’un plan de relance limité à une seule partie de la zone euro. En effet, le plan de Zapatero n’a pas réellement profité à l’Espagne, qui devrait d’ailleurs subir d’après les analystes une récession. A l’échelle européenne, à cause des interconnexions économiques, c’est une action concertée qui doit émerger.
Cependant, c’est là qu’est le problème. Certes, la monnaie unique européenne a unifié artificiellement les pays de la zone euro mais de grandes disparités subsistent aussi bien en matière de structure du marché de l’emploi qu’en matière de politique budgétaire ou de répartition de l’outil de production. Ces disparités vont évidemment faire prévaloir au départ les intérêts nationaux, ce qui est tout à fait légitime. Toutefois, mettre en avant les intérêts nationaux risquent de mettre à mal une action commune et de conduire à une action non concertée des pays européens pouvant profiter d’un déficit budgétaire sans pouvoir alors anticiper efficacement l’impact de cette action.
Au final, la crise financière actuelle, qui a refroidi nombre d’investisseurs, a montré une nouvelle faiblesse de la zone euro face à la zone dollar. En Europe, le consensus se fait toujours péniblement avec des résultats incertains. En témoignent le projet de constitution européenne ou encore la PESC qui est, pour le moins, une coquille vide.