La semaine qui vient de s’écouler sur le marché des devises a confirmé les tendances qui se profilent depuis plusieurs semaines au niveau des principales monnaies. Comme nous l’avions estimé il y a quelques semaines, la hausse du dollar face à la monnaie unique européenne a commencé à s’atténuer, confirmant un raffermissement de la devise américaine sur le forex. Exception faite d’une chute en dessous de 95 yens en milieu de semaine, le dollar n’a quasiment pas été affecté par les déboires du secteur automobile américain et le revirement du plan Paulson. Le dollar profite toujours de son statut de valeur refuge face aux autres devises ce qui explique en partie son maintien. En dépit d’un appel à un nouveau Bretton Woods, il est peu probable que le président Nicolas Sarkozy parvienne à imposer un système monétaire international basé sur une pluralité de devises. En l’occurrence, il s’agit d’entendre dans ces propos une proposition à élever la monnaie unique européenne, au côté du dollar, comme devise privilégié des échanges. En effet, bien que l’euro talonne depuis plusieurs années le dollar dans les échanges internationaux, la devise de la zone euro souffre de nombreux handicaps, dont l’absence de gouvernement européen. De plus, la résistance du dollar en cette période de récession mondiale, ne devrait pas inciter beaucoup de partenaires à suivre la proposition de Nicolas Sarkozy ce week-end lors du sommet du G20, qui devrait éclipser le Congrès de Reims du Parti Socialiste.
En fait, contrairement au dollar, l’euro a beaucoup souffert en fin de semaine de la confirmation d’une récession en zone euro ce qui a fait perdre à la monnaie unique européenne tous les gains accumulés depuis lundi. En effet, Bruxelles a annoncé vendredi une baisse du PIB de l’euroland de 0,2% au troisième trimestre par rapport au deuxième. La plupart des pays de la zone sont touchés de plein fouet par la récession, notamment l’Allemagne et l’Italie. Pour l’instant, la France évite de justesse la récession technique avec une croissance anémique de 0,14% au troisième trimestre.
Même la Chine n’est pas épargnée et a dû en début de semaine annoncer un plan de relance budgétaire d’un montant de 4000 milliards de yuans sur deux ans afin de faire face à la baisse des exportations qui pénalise la croissance chinoise. A ce plan devrait s’ajouter prochainement un nouvel assouplissement monétaire d’après de nombreuses rumeurs qui circulent sur les marchés, la dernière baisse des taux datant du 29 octobre. Ce plan de relance devrait en tout cas profiter aux devises dont le taux de change est intrinsèquement lié aux matières premières, comme le dollar australien et le dollar néo-zélandais, dont les cours sont depuis quelques semaines au plus bas.
Enfin, la livre sterling, qui a connu des plus bas historiques cette semaine sur le marché des changes face à l’euro et au dollar, semble loin de se relever, évoluant à la clôture des marchés vendredi toujours à des niveaux jamais égalés. En fait, les implications du plan de relance du gouvernement Brown sur la livre sterling a affolé de nombreux investisseurs ce qui explique la baisse actuelle de la devise britannique.