Juan Carlos Rodado, analyste spécialiste des marchés émergents chez Natixis, a publié mercredi dernier une note dédiée au changement de politique monétaire de la Russie. Il précise qu’une dévaluation du rouble, écartée jusqu’à présent, est désormais envisagée.
La Russie a utilisé un quart de ses réserves de changes pour soutenir le rouble, en baisse depuis le début du conflit en Ossétie du sud, en août dernier. En trois mois, cette manne a fondu de près de 600 milliards de dollars à 453 milliards de dollars. Mais la plongée du rouble se poursuit. Une nouvelle «dévaluation de facto» a eu lieu lundi dernier, quand la banque centrale russe a décidé une nouvelle fois d’élargir les bornes de fluctuation du rouble. La Russie est donc contrainte d’adopter une nouvelle politique monétaire, comme l’indique Juan Carlos Rodado, analyste spécialiste des marchés émergents chez Natixis, dans une note publiée mercredi.
Les dirigeants russes avaient jusqu’à présent exclu une dévaluation du rouble, ce qui avait rassuré la population, encore traumatisée par la crise de 1998, durant laquelle la monnaie russe avait perdu 70% de sa valeur. Mais actuellement, les représentants du pays ne peuvent plus écarter cette hypothèse.
Juan Carlos Rodado estime qu’un « fort mouvement de dépréciation » est possible. Il souligne le « risque de nouvelles pressions spéculatives à la vente » de cette mesure. Dans ce cas, la baisse de la monnaie russe pourrait s’accélérer, et les ménages du pays pourraient décider de convertir massivement leurs économies en euros ou en dollars, dans un mouvement de panique.
L’analyste de Natixis ne croit guère à ce scénario « pour l’instant ». Il estime en effet que le Kremlin « puisera dans tous ses nombreux moyens juridiques et financiers » pour éviter cette issue. Selon lui, la solution de changes plus flexibles va être privilégiée. Elle devrait engendrer une baisse de la valeur du rouble que l’analyste estime de l’ordre de 15% fin 2009.
Source : Le figaro