Avec le retour de la confiance sur les marchés financiers, notamment à la Bourse, il fallait s’attendre à ce que les investisseurs décident de diversifier de nouveau leur portefeuille, ce qui a évidemment eu un impact sur le cours du dollar.
Ainsi, depuis le début de la semaine, le dollar fut sous pression face à la monnaie unique européenne. Outre le retour du goût pour le risque qui a avantagé le dollar néo-zélandais ou encore l’euro, le dollar a surtout été pénalisé par les inquiétudes relatives à la capacité de l’économie américaine à faire face à la crise. Certes, le gouvernement fédéral, comme il l’a une nouvelle fois montré avec le sauvetage de la banque Citigroup, est disposé à mettre la main au portefeuille pour éviter un risque systémique. Toutefois, le problème vient des capacités budgétaires des Etats-Unis. En effet, l’ardoise de la Fed commence à s’allonger dangereusement ce qui explique que les inquiétudes des cambistes commencent à croître. Ainsi, contrairement au plan Paulson, le plan présenté cette semaine par Ben Bernanke afin d’aider le marché de l’immobilier et les ménages américains fut accueilli avec circonspection par le marché des changes.
Pour autant, il aura suffit d’une conférence de presse et de quelques indicateurs pour que le soufflé qui avait permis tout au long de la semaine à l’euro de s’afficher en hausse ne retombe. En effet, le ralentissement de l’inflation dans l’euroland en novembre a fait écho en fin de semaine aux propos de Jean Claude Trichet annonçant explicitement une baisse des taux de la BCE lors de sa réunion du 4 décembre. D’après les analystes, cet assouplissement monétaire devrait être a priori compris entre 0,75 et 1 point de pourcentage.
A l’inverse, le dollar, bien que sous pression, résiste avec brio. En effet, en dépit de l’accumulation d’un série statistique noire cette semaine, concernant aussi bien la révision à la hausse de la contraction du PIB au troisième trimestre que le repli des dépenses des ménages et la chute des ventes de logements neufs, le dollar se maintient bien. Bien que la confiance semble être de retour sur les marchés, les cambistes ayant intégré le scénario d’une récession d’une ampleur inédite dans les pays industrialisés, la baisse des prix du pétrole et le rapatriement des fonds vers les Etats-Unis continuent de jouer en faveur de la devise américaine.
L’autre facteur qui joue en faveur de la devise américaine est la capacité, pour le moment, des autorités américaines à convaincre les marchés de leur aptitude à surmonter la crise. Certes, des interrogations commencent à survenir au niveau du financement de tous les plans annoncés mais, contrairement à l’UE, les Etats-Unis peuvent encore mobiliser cet argent. En effet, le plan de 200 milliards d’euros annoncés par la Commission Européenne fait pâle figure, sachant en plus que l’Allemagne s’y oppose et que l’hypothèse d’une baisse de la TVA, si elle n’est pas coordonnée, pourrait ne pas porter les fruits escomptés. En effet, en cas de balance commerciale déséquilibrée, un pays mettant en œuvre une baisse de la TVA risque de favoriser la consommation de produits importés.
Ainsi, au final, c’est la question de la crédibilité qui se pose encore pour la monnaie unique européenne et qui explique son incapacité à devancer le dollar en tant qu’étalon monétaire.