Le 1er janvier, les gouvernements de la zone euro, dont celui de la Slovaquie qui a abandonné la couronne, fêteront les dix ans de la monnaie unique européenne. Il y a dix ans, ce fut lors d’un Ecofin historique, réunissant onze ministres, que fut lancé l’euro. Maintenant, ils sont seize à fêter cet anniversaire. L’expérience de la monnaie unique européenne revêt un aspect particulier, tant les déchirures furent profondes lors des décennies et des siècles précédents sur le continent européen.
De nos jours, l’euro a un statut particulier et semble, à maints égards, être parvenu à concurrencer sérieusement le dollar en tant que principale monnaie internationale. Bien que le tempête est rude dans la zone euro, et qu’elle devrait s’intensifier dans les semaines à venir, l’euro inspire la confiance et constitue, comme l’a plusieurs rappelé l’ancien ministre français des Finances et de l’économie, Dominique Strauss-Kahn, un bouclier pour les consommateurs.
Après avoir fortement chuté sur le marché des changes depuis le 15 septembre dernier, l’euro s’est ressaisi courant décembre, puis s’est renforcé face au dollar et à la livre sterling à la faveur des fêtes de fin d’année qui ont connu, évidemment, une faiblesse du volume des échanges.
Après un début en dessous de 1,25, la monnaie unique européenne a franchi les retracements de Fibonacci de 38,2% pour finir par s’inscrire au dessus de 1,45. Cette évolution de forte amplitude durant le mois de décembre doit-elle être attribuée à un rebond temporaire de fin d’année ou faut-il y voir un renversement de tendance durable ?
De fait, mieux vaut pencher plutôt pour un rebond temporaire qui s’est appuyé sur un contexte propice. En effet, la baisse des taux effectuée par la Réserve Fédérale début décembre a violemment porté au tapis le dollar. En l’espace de quelques jours, l’euro avait ainsi repris plus de 15% face à la devise américaine qui passait dans le même temps sous la barre des 90 yens et des 1,07 franc suisse.
Après cette correction, certes excessive, la monnaie unique européenne devrait entamer les premiers mois de 2009 sous un angle un peu différent, rebroussant chemin vers les 1,30. Les difficultés économiques de la zone euro devraient peser lourdement sur le cours de la devise ainsi que le contexte international. Une dégradation de la situation au Proche-Orient pourrait en effet donner des ailes au dollar, en tant que valeur refuge.
Surtout, il faudra apparemment compter avec les banques centrales en 2009. Certes, leur rôle fut déjà des plus cruciaux durant l’année dernière. Cependant, cette fois-ci, les yeux des cambistes scruteront essentiellement l’action de la Banque Centrale Européenne, étant donné que la Fed a presque épuisé toutes ses cartouches en décembre dernier.
Le différentiel de taux entre les deux bords de l’Atlantique devrait de toute évidence demeurer, Jean Claude Trichet ayant exclu une nouvelle baisse des taux en janvier. De son côté, si Axel Weber a consenti à envisager une baisse des taux dans le futur en dessous de 2%, celle-ci ne pourrait être que de courte durée d’après lui, contrairement à la Fed qui inscrit sa baisse actuelle sur la longue durée.