Entre la colère du premier ministre turc et l’absence remarquée des responsables américains, l’ode à la joie a résonné dans les couloirs du forum économique mondial de Davos durant la semaine. En effet, les responsables européens, Jean Claude Trichet et José Manuel Barroso en tête, se sont efforcés de rassurer les investisseurs sur la capacité de résistance de la zone euro et se sont même vantés du succès de la monnaie unique européenne, qui contraste avec le désordre actuel en Islande, qui a résulté de la chute abyssale de la couronne islandaise depuis l’automne.
Bien que les pays européens s’engouffrent un à un dans la récession, cette semaine ce fut au tour de l’Espagne après le Royaume-Uni, et que les agences de notation dégradent progressivement certains pays de l’euroland, Jean Claude Trichet a voulu se montrer confiant, soulignant qu’il n’existe aucun risque pesant sur l’euro à l’heure actuelle.
Pour autant, en regardant de près son évolution sur le marché des changes, le contraste est frappant. En effet, après la légère bouffée d’air frais offerte par les bonnes statistiques allemandes en début de semaine, notamment le baromètre Ifo, l’euro a repris sa chute face au dollar, chute renforcée par la baisse drastique de l’inflation et une hausse du chômage. Du fait, du ralentissement de la croissance et de l’atténuation de l’inflation, le scénario d’une nouvelle baisse des taux de la part de la Banque Centrale Européenne semble de plus en plus plausible, sachant que même Jean Claude Trichet a affirmé, dans une interview donnée à CNN, que les taux pourraient prochainement s’inscrire en dessous de 2%, tout en rejetant l’hypothèse des taux zéro, comme aux Etats-Unis ou au Japon.
En fait, c’est un véritable découplage qui semble se produire sur le marché des changes. Si le découplage dans l’économie réelle, scénario évoqué cet été par certains économistes qui pronostiquaient que l’Asie serait épargnée par la récession, semble passé de mode, celui d’un découplage sur le Forex semble au contraire se confirmer au sein des monnaies du G7.
En effet, d’un côté, il y a l’euro et la livre sterling, qui s’affaissent du fait de perspectives économiques pessimistes, et de l’autre, le dollar et le yen qui résistent envers et contre tout du fait de leur statut de valeur refuge. Ainsi, en dépit d’une hausse du chômage et d’une chute brutale de la production au mois de décembre, le yen s’affiche toujours comme la valeur privilégiée des investisseurs en ces temps d’incertitude.
De même, le dollar semble reprend le dessus depuis quelques mois, alors que l’année dernière, à la même époque, il commençait sa lente chute sur le marché des changes face à l’euro. Le vote par la Chambre des représentants cette semaine du plan de relance de Barack Obama a d’ailleurs conforté la position du dollar et pourrait à terme restaurer un peu la confiance parmi les investisseurs.