L’évolution du taux de change du dollar sur le marché des changes cette semaine s’est faite en accordéon.
Oscillants entre inquiétude et optimisme, les acteurs du marché des changes ont fait preuve d’une versatilité incroyable cette semaine, tantôt se reportant sur les devises à risque, tantôt se reportant sur les valeurs refuge, dont le dollar.
L’optimisme fut de mise en début de semaine avec la présentation réussie par le secrétaire au Trésor, Tim Geithner, d’un plan visant à se débarrasser des actifs toxiques des banques américaines. Ce plan a notamment permis à la monnaie unique européenne d’accumuler les gains sur le marché des changes au détriment du dollar, faisant même abstraction d’une baisse du baromètre Ifo.
Pour autant, la détérioration du climat des affaires dans la première économie de la zone euro est interprétée par les investisseurs comme un signe inquiétant, soulignant une aggravation de la crise économique en Europe. De telles inquiétudes sont d’ailleurs corroborées par les analystes qui parient sur une contradiction du PIB à hauteur de 4% pour l’année 2009 en Allemagne. Ces prévisions laissent supposer un retour du dollar à moyen terme qui n’a pas tardé puisque dès le milieu de la semaine le dollar a commencé à se reprendre sur le marché des changes, se remettant notamment de l’annonce surprise d’actifs par la Fed la semaine dernière.
Toutefois, la reprise du dollar fut contrariée par les propos incohérents tenus par Tim Geithner. Alors que le dollar est attaquée, notamment par la Chine qui a appelé à la mise en place d’une nouvelle monnaie de réserve internationale afin de remplacer le dollar, le secrétaire au Trésor américain s’est, dans un premier temps, déclaré ouvert à des discussions. Les investisseurs, affolés les propos tenus par Tim Geithner, qui étaient en totale contradiction avec la teneur des propos tenus mardi lors d’une conférence de presse par Barack Obama, se sont désistés de dollars avant de faire marche arrière. En effet, réalisant l’impact de ses propos, Tim Geithner a rapidement reculé, en soulignant que les Etats-Unis soutiennent clairement le dollar en tant que monnaie de réserve internationale. Cette nouvelle gaffe, telle qu’elle fut interprétée par de nombreux médias, a mis en avant le fait que Tim Geithner, contrairement à Henry Paulson, n’a pas encore conscience de l’impact des mots qu’il utilise sur le comportement des marchés.
En dépit de la riposte menée par Barack Obama à l’idée chinoise, Pékin a reçu plusieurs soutiens en fin de semaine, notamment celui du FMI qui a été adoubé par les chinois et celui des russes qui ne se sont évidemment pas privés de soutenir une initiative visant à contester l’hégémonie américaine. Moscou a ainsi, par la voix de son vice ministre des affaires étrangères, Andrei Denisov, réclamé la tenue d’une conférence internationale pour discuter la création d’une nouvelle monnaie mondiale, soulignant au passage que la Russie a le soutien d’alliés de poids, nommément la Brésil, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud et la Corée du Sud.
La fronde menée par la Chine devrait certainement être évoquée lors du sommet du G20 à Londres début avril, première étape d’un marathon international visant à assainir le système financier.