En milieu de semaine dernière, le puissant patron de la Bundesbank, Axel Weber, avait donné de la voix pour s’opposer à une réduction du loyer de l’argent dans la zone euro en dessous de 1%, arguant que « le taux de l’argent au jour le jour, c’est à dire le taux auquel les banques se prêtent des liquidités entre elles sur un jour, est nettement inférieur au principal taux de refinancement ».
D’habitude, les membres du Conseil des Gouverneurs de la Banque Centrale Européenne n’exposent pas leurs différents sur la place publique, préférant laver leur linge sale en famille.
Cependant, depuis la dernière conférence de presse de Jean Claude Trichet, le 2 avril, au cours de laquelle il a clairement laissé entendre que la prochaine baisse des taux serait d’un quart de point et serait la dernière, sauf scénario catastrophe, des voix discordantes se sont faites entendre, quitte à brouiller le message de la Banque Centrale Européenne auprès des investisseurs.
En règle générale, les interventions verbales des membres du Conseil des Gouverneurs sont plutôt destinés à aiguiller les investisseurs sur la prochaine décision de politique monétaire de Francfort. Cette fois-ci, il en est tout autre puisque les investisseurs ne savent désormais plus à quel sein se vouer.
La charge fut en fait lancée il y a déjà quinze jours par le gouverneur de la banque centrale autrichienne, Ewald Nowotny (ci-dessus) sans que son intervention ne créé, sur le moment, de remous. Il a simplement souligné que le débat sur l’ampleur de la prochaine baisse des taux est toujours ouvert. Cependant, les gouverneurs des banques centrales grecques, George Provopoulous, et chypriote, Athanasios Orphanides, se sont ralliés à sa position, allant même plus loin puisqu’ils ont clairement défendu l’idée d’une assouplissement monétaire en dessous de 1% et l’achat de titres de dette afin de soutenir l’économie de la zone euro.
Face à cette cacophonie, Axel Weber est monté au créneau, permettant au passage à la monnaie unique européenne de gagner près d’un cent sur le marché des changes face au dollar. Alors que la Banque Centrale Européenne a toujours été plus ou moins divisée depuis le début de la crise entre deux tendances extrêmes, incarnées d’une part par le gouverneur de la banque centrale chypriote et d’autre part par le gouverneur de la banque centrale allemande, jamais jusque là les dissensions internes n’ont fini sur la place publique.
Il faut avouer que la sortie de crise commence à pointer, du moins outre atlantique où de nombreux experts, auxquels s’est joint le président Obama, envisagent une reprise de l’économie d’ici à septembre 2009. Entre temps, l’horizon continue toujours de s’obscurcir dans la zone euro sans que les perspectives économiques ne s’améliorent pas significativement. La pression est donc importante au Conseil des Gouverneurs, chacun y allant de sa propre stratégie. Il faudra patienter jusqu’au prochain Conseil pour savoir quel courant aura réussi à faire valoir son point de vue le plus efficacement.