Aucune grande banque centrale n’a tenu réunion cette semaine et, pourtant, elles étaient en première ligne. En effet, l’affablissement important du dollar depuis la fin du mois d’août pose problème aux banques centrales. Doivent-elles intervenir sur le marché des changes afin d’éviter une appréciation trop importante de leur monnaie face à la devise américaine? Certaines ont apporté une réponse à cette question cette semaine.
La séance de lundi matin fut marquée par le regain de spéculations autour d’une nouvelle intervention sur le marché de la Banque Nationale Suisse après le plus haut du franc suisse face au dollar. Les récents développements de la crise ont en effet poussé à plusieurs reprises l’institut d’émission helvétique à porter un coup décisif sur le forex afin de freiner l’appréciation de la devise nationale. Pour autant, il n’en fut rien et le franc suisse n’a pas connu cette semaine de brusque mouvement de son taux de change.
La non intervention de la Banque Nationale Suisse ne signifie en rien un changement de stratégie de la part de celle-ci. Toutefois, il semblerait, au regard des déclarations qui ont ponctué l’actualité de la semaine, que certains pays envisagent de laisser filer leur monnaie, au moins pour le moment. Ainsi, le ministre des Finances japonais a affirmé que le gouvernement n’envisage pas d’intervenir sur le marché des devises après que le dollar se soit inscrit en dessous de 90 yens. De même, le gouvernement israélien semble aussi opter pour une nouvelle stratégie puisque des responsables du ministère des Finances ont affirmé que les achats massifs et répétés de dollars sur le marché ne constituent en rien une solution au problème de l’appréciation du shekel.
De tels propos ont réellement un impact car ils émanent de pays qui n’hésitent pas à intervenir sur le forex afin d’éviter une appréciation de leur monnaie qui puisse pénaliser l’industrie exportatrice. Le week-end dernier, la banque centrale israélienne avait d’ailleurs décidé une nouvelle intervention prenant la forme d’une enveloppe de près de 800 millions de dollars.
Le revirement constaté s’explique d’abord par le coup d’une telle opération et surtout, par son inefficacité sur le moyen terme. A titre d’exemple, l’intervention menée par M. Fischer, gouverneur de la Banque d’Israël, n’a fait reculer le shekel que très modestement avant qu’il ne reparte à la hausse. Dans le contexte d’appétit pour le risque lié à l’amélioration de l’activité économique mondiale, les banques centrales paraissent désarmées pour influer sur le taux de change des devises. Outre le contexte économique global, il convient également de mentionner les difficultés propres au dollar, notamment le déficit américain et la faiblesse des taux d’intérêt de la Fed qui favorise les stratégies de carry trade sur la monnaie américaine.
Les investisseurs sont par conséquent poussés à prendre des risques et à diversifier leur portefeuille en se portant sur l’euro, qui a atteint un plus haut depuis un an face au dollar en fin de semaine, ou sur les dollars des antipodes et les devises émergentes comme le real brésilien.
La question de l’affaiblissement du dollar sur le marché des changes pourrait éventuellement faire débat lors du G20 de Pittsburgh bien que la problématique ne soit pas officiellement à l’ordre du jour. La Chine pourrait notamment s’inquiéter ouvertement de la baisse conséquente de la devise américaine, ce qui pénalise la valeur des ces avoirs en bons du Trésor américain.