La devise américaine a accentué son recul hier en fin de séance suite aux bons résultats trimestriels publiés par les firmes Intel et JPMorgan Chase. Bien qu’en recul sur un an, le fabricant de microprocesseurs Intel a affiché un résultat meilleur que prévu au troisième trimestre et s’attend à une croissance de son chiffre d’affaires pour les trois derniers mois de l’année. JPMorgan Chase a également pris de court les analystes avec un bénéfice net multiplié par sept sur un an. Ces bons résultats ont favorisé le climat de confiance à Wall Street, faisant gagner 1,19% au Nasdaq et 1,12% au Dow Jones. Ce dernier est repassé pour la première fois cette année au-dessus de 10 000 points.
La bonne performance de Wall Street a évidemment pesé encore un peu plus sur le dollar qui est déjà largement fragilisé. Depuis le début de l’année, une corrélation négative existe entre les actions et le dollar. Selon Wells Fargo, la corrélation journalière entre le dollar et l’indice Standard & Poors 500 est à – 0,93. Parmi les différents secteurs que comprend cet indice, la corrélation la plus forte concerne les hautes technologies et les matières premières dont le cours est fortement influencé par le taux de change du dollar.
De manière générale, les analystes du marché des changes soulignent que le dollar américain est sous évalué, de près de 12% face au dollar néo-zélandais et de près de 6% face au dollar australien et au yen. Pour autant, en raison des déficits qui s’accumulent, des discours appelant à une diversification des monnaies de réserve internationales et des faibles taux pratiqués par la Fed, près de 99% des courtiers interrogés par le Crédit Suisse se positionnent à la baisse sur le dollar. Le sentiment du marché est que la chute du billet vert n’est pas encore terminée et que de nouveaux records de faiblesse devraient être atteints dans les semaines à venir. L’euro pourrait notamment prochainement franchir le seuil de 1,50 dollar avant d’atteindre 1,55 dollar d’ici à la fin de l’année.
En temps normal, le fait qu’une devise soit massivement survendue et que le sentiment baissier soit exagéré suffit à déclencher un rebond de la devise. Cependant, pour le dollar, ce rebond semble très hypothètique. En effet, le différentiel de taux qu’il existe entre le billet vert et des devises comme le dollar australien ou la couronne norvégienne, différentiel de taux compris en général entre 2,25 et 2,50%, suffit à assurer au dollar un long cycle baissier. Le seul moyen pour les autorités américaines d’arrêter cette dégringolade serait de rendre les opérations de carry trade moins rentables en augmentant le taux de la Réserve Fédérale. Cependant, une telle hausse n’est pas pour le moment dans l’intérêt des Etats-Unis.