La devise helvétique reprend depuis plusieurs séances l’initiative face à la monnaie unique européenne sans que la banque centrale suisse n’ait eu besoin d’intervenir sur le marché des changes. Alors que de nombreuses banques centrales étudient l’opportunité d’une intervention sur le forex afin de limiter l’appréciation de leur devise face au dollar, la banque nationale suisse semble avoir pour le moment abandonné cette stratégie coûteuse.
Inquiétée plus par l’euro que par le dollar en raison de l’intense commerce entre la Suisse et la zone euro, la banque centrale a été rassurée de constater que l’euro redescend enfin vers le seuil de 1,51 franc suisse sur le marché des changes.
Depuis le début de la crise économique, la banque centrale suisse a décidé d’intervenir sur le marché des changes en vendant massivement, souvent sans prévenir le marché, des francs suisses contre des dollars et des euros. Ces interventions ont eu un impact double : d’une part, elles ont contribué à augmenter la masse monétaire et d’autre part, elles ont momentanément affaibli le franc suisse face aux autres monnaies. Cependant, ces interventions n’ont eu un succès que très mitigé et n’ont pas réellement permis aux exportateurs helvétiques d’affronter sereinement la dépréciation de la monnaie nationale. Ainsi, à titre d’exemple, le groupe Nestlé a beaucoup pâti sur les neufs premiers mois de la faiblesse du franc suisse, son chiffre d’affaires reculant de 2,2% à 79,5 milliards de francs suisses. Certains pays, comme Israël, ont finalement opté, après avoir tenté des interventions sur le marché des changes sans réel impact à moyen terme, pour des aides directes à l’industrie exportatrice locale.
Finalement, le redressement de la devise helvétique n’aura été permise que par l’amélioration de la situation économique de la Confédération qui rend moins urgente une intervention de la banque centrale. En effet, l’économie hélvétique se redresse, avec un indice PMI du secteur manufacturier enviable et un risque de déflation qui s’éloigne. Ayant profité de la crise économique en tant que valeur refuge, le franc suisse pourrait de nouveau attiré les investisseurs du fait de la reprise de l’activité économique dans le pays.
Toutefois, le gouvernement devra rassurer les investisseurs qui craignent que les PME suisses ne soient bientôt à court de crédit. Afin d’éviter un tel scénario, toute une batterie de mesures est à l’étude, notamment la mise en place d’une garantie par l’Etat.