Alors que la banque centrale russe a décidé pour la première fois de son histoire de porter son principal taux directeur en dessous de 10%, à 9,5%, un débat agite la société russe sur la politique monétaire à suivre pour le rouble.
En effet, les analystes estiment que le rouble devrait continuer de se renforcer sur le marché des changes pendant plusieurs mois et même l’année prochaine en raison de l’affaiblissement du dollar et de la remontée des cours des matières premières.
Depuis lundi, le rouble a ralenti son avancée sur le marché des changes en raison du retour de l’aversion pour le risque qui ne devrait pas durer du fait de la hausse de 3,5% en rythme annuel du PIB américain au troisième trimestre.
La situation du rouble inquiète beaucoup certains milieux, notamment les importateurs qui militent à Moscou afin de libéraliser le cours du rouble. Au cours des huits premiers mois de l’année, les importateurs ont en effet perdu 40% de leurs revenus par rapport à l’année dernière sur la même période. Selon des études menées par la banque centrale russe, une telle libéralisation pourrait stabiliser le dollar au niveau de 22 roubles.
La conséquence d’une telle libéralisation serait cependant dramatique pour la Russie en entraînant la faillite, selon de nombreux experts, de tout un pan stratégique de l’économie russe. Les industries exportatrices, notamment l’exploitation minière et le secteur pétrogazier, seraient les premières touchées. Pour les partisans d’un renforcement du rouble, cette libéralisation aurait, au contraire, pour conséquence moderniser l’économie russe en la faisant passer d’une économie majoritairement exploitrice de matières premières à une économie fournissant des produits finis de haute valeur ajoutée.
Cependant, un tel scénario fait l’impasse sur de nombreux problèmes et, heureusement, le gouvernement russe semble ne pas s’orienter vers celui-ci. Prévoyant un renforcement du rouble inévitable sur le marché des changes dans les mois à venir, le gouvernement s’inquiète déjà de l’impact de cette hausse sur la reprise économique et étudie les stratégies pour la contenir.