Dans la religion catholique, le repentir a lieu généralement au début de la messe ou avant le sacrement de pénitence et de réconciliation. Il s’agit en fait de saisir le sens des Ecritures. Le repentir est aussi, dans la vie courante, un bon moyen de laver ses fautes sans réellement devoir les assumer. C’est à cet exercice presque jouissif, tant il est aisé, que s’est livrée récemment la banque américaine Goldman Sachs.
En effet, le patron de Goldman Sachs, Lloyds Blankfein, a présenté ses excuses lors d’une conférence, affirmant : « Nous avons certainement participé à des choses qui n’étaient pas correctes et nous le regrettions. On demande pardon ».
Goldman Sachs est sous le feu des critiques depuis plusieurs semaines. Aidée par le gouvernement américain en pleine crise financière, la banque a récemment provisionné plus de 16,7 milliards de dollars pour ses traders et ses cadres. En moyenne, les salariés de Goldman Sachs devraient toucher une prime de 500 000 dollars cette année alors que la crise économique jette des milliers de personnes au chômage chaque semaine aux Etats-Unis. Le comportement de Goldman Sachs a choqué l’opinion publique américaine et aussi les responsables à Washington qui se révèlent toutefois impuissants face au roi de Wall Street. La banque ne reçoit d’ordre de personne et son dirigeant, Lloyds Blankfein, tient à le faire comprendre. Il est l’un des principaux opposants à un encadrement des bonus.
Dans une interview qui a fait scandale au quotidien britannique Sunday Times, il a soutenu que les banques ont un « rôle social » – ce qui est indéniable en tant qu’agent économique – et que la sienne travaille « au service de Dieu ». De tels propos ont été unanimement condamnés par l’opinion publique. Une telle dose d’arrogance a en effet jeté le discrédit sur la banque.
Afin d’éteindre cette nouvelle polémique, L. Blankfein a décidé de faire son repentir publiquement, selon un scénario auquel sont habitués les américains. Après les politiques qui confessent publiquement leur adultère et demandent pardon au peuple et à leur femme, c’est au tour des banques d’implorer le pardon des citoyens. Afin de mieux faire passer la pilule, Goldman Sachs a aussi eu l’idée de mettre en place un plan de 500 millions de dollars sur cinq ans en collaboration avec Warren Buffett afin d’aider les PME américaines.
Au final, Goldman Sachs se rachète une réputation à bon compte puisque les 500 millions mis à disposition par la banque ne réprésentent que cinq petits jours de trading. N’oublions pas non plus le fameux « pardon », devenu un élément récurrent de la scène publique américaine.
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