Les bons chiffres de l’emploi publiés vendredi ont continué de jouer leur effet sur le marché des changes. Le dollar américain a continué sa progression face à toutes les devises du marché des changes, notamment les dollars des antipodes et l’euro, exception faite du yen. En effet, le dollar avait connu une progression importante face à la devise nippone vendredi dernier, laissant place aujourd’hui à des prises de bénéfice, ce qui explique la baisse du dollar face au yen. Toutefois, l’évolution de la paire devrait rassurer les autorités nippones qui devraient se faire plus discrètes cette semaine, après être intervenues verbalement à plusieurs reprises la semaine dernière afin d’appeler à une limitation de l’appréciation du yen face au dollar.
En temps de crise, la stabilisation des destructions d’emplois et la baisse du chômage aux Etats-Unis à 10% en novembre, contre 10,2% prévu par les économistes, auraient dû permettre aux valeurs dites à risque d’opérer un rebond. Une telle situation s’est vérifiée à maintes reprises lors des semaines passées.
En fait, seul le billet vert a profité de la publication de cette bonne nouvelle sur le front économique aux Etats-Unis car les cambistes escomptent un revirement de la politique monétaire américaine. En effet, Ben Bernanke avait affirmé il y a quelques semaines que les taux américains devraient rester très bas pendant longtemps. Il faisait ainsi prendre aux Etats-Unis une autre voie que celle ouverte par la Banque d’Israël ou la Banque de réserve australienne qui ont, à la fin de l’été, décidé de relever leurs taux. La raison principale invoquée par le président de la Fed fut la hausse importante du chômage qui a atteint un niveau inégalé depuis des années.
Cependant, les récents chiffres du chômage ont ouvert de nouvelles perspectives pour les investisseurs qui espèrent une accélération du calendrier de la banque centrale américaine. Cependant, il est fort à parier que Ben Bernanke ne va pas modifier sa stratégie sur la base d’un seul indicateur économique, aussi important soit-il. Il va certainement attendre d’avoir une vision plus globable de l’état de l’économie américaine afin de se prononcer. Le discours qu’il doit tenir ce soir à Washington devrait d’ailleurs confirmer une telle hypothèse.
Toutefois, il convient aussi d’envisager un autre scénario. En effet, si les matières premières continuent sur leur hausse, la Fed pourrait être contrainte de relever ses taux afin de lutter contre un retour de l’inflation. Cependant, pour l’instant, même si le pétrole et les autres matières premières sont sur une pente ascendante, les risques inflationnistes outre-Atlantique sont encore faibles.