Dans un entretien publié sur le site internet de la banque centrale chinoise, le gouverneur Zhou Xiaochuan a fait le bilan de son action au cours de l’année 2009, année de forte tempête pour l’économie mondiale. Il s’est notamment félicité de l’action de son institution qui ne s’est pas seulement concentré sur l’inflation, le maintien d’un faible niveau d’inflation étant l’un des objectifs prioritaires de la banque centrale, mais aussi sur d’autres facteurs, tels que la balance des paiements internationaux.
La Chine a, à l’inverse de nombreux autres pays, plutôt bien résisté à la crise économique mondiale. Seulement, l’année 2009 a consacré une véritable explosion du crédit dans un contexte de surcapacité industrielle qui pourrait déboucher, selon certains analystes, sur une vaste crise en Chine. Cet excès du crédit fait notamment craindre l’augmentation de la spéculation sur le marché immobilier et, à terme, l’éclatement de cette bulle. Afin d’éviter à tout prix ce scénario, la banque centrale a confirmé son intention de verrouiller l’accès au crédit. Le gouvernement espère ainsi porter de 10 000 milliards de yuans pour 2009 à 8 000 milliards de yuans pour 2010 le montant des prêts accordés.
Enfin, le gouverneur de la banque centrale a évoqué l’épineux problème du taux de change du yuan, devise qui prétend asseoir dans les prochaines années son statut de devise internationale. Sans donner beaucoup de détails, il a simplement rappelé que la banque centrale continuera à mettre en oeuvre « une politique monétaire à la souplesse appropriée ». Nombreux sont les observateurs qui voient une confirmation du statu quo, voire la prédiction d’une prochaine dévaluation. Les experts de Saxo Banque s’attendent notamment à un tel scénario.
Ironiquement, au même moment ou presque, un économiste chinois, membre de l’Académie des Sciences Sociales, a plaidé en faveur d’une réévaluation de 10% du yuan. Cependant, un tel discours devrait certainement avoir peu d’échos à Pékin. En décembre dernier, le Premier Ministre avait fait la sourde oreille aux représentants de la zone euro venus plaider pour un rééquilibrage du yuan. Depuis la crise économique, le yuan suit les fluctuations du dollar sur le marché des changes. En d’autres termes, après plusieurs années de faible appréciation, le yuan s’est de nouveau dévalué face à l’euro. Afin d’aider les industries exportatrices qui sont à la base de la croissance chinoise, il est peu probable que les autorités de Pékin s’orientent vers une appréciation de leur devise.