Alors que les yeux des investisseurs sont tournés vers la Grèce, certains n’hésitent pas à tourner les yeux vers l’avenir et anticipent la nouvelle crise qui devrait secouer la zone euro et sa devise. Toute la semaine, alors que la Grèce faisait la Une de la presse européenne, attaquée de toute part par des attaques spéculatives qui ont ébranlé son marché obligataire, les agences de notation financière ont braqué leurs attaques sur le Portugal.
Le pays est présenté par les agences de notation comme le nouveau mouton noir de la zone euro, celui par lequel la crise qui frappe l’Union Européenne pourrait rebondir.
Les agences de notation ont été très sévères cette semaine envers le Portugal, menaçant ouvertement le pays de dégrader la note de sa dette si le gouvernement socialiste ne présente pas un projet de remise à plat des finances publiques crédibles. Le gouvernement s’est engagé, lors de la présentation du budget pour l’année 2010, à une réduction de un point du déficit par rapport à l’année 2009. L’année dernière, le déficit avait atteint un record, représentant près de 9,3% du PIB du pays. Les agences n’ont pas salué une telle décision, pointant la frilosité du gouvernement en place.
Selon les experts, pour restaurer la confiance des investisseurs, il faudra plus au gouvernement que de belles paroles. Le ministre des Finances s’est d’ailleurs dit disposé à réduire son salaire, mesure symbolique, afin de montrer la détermination des autorités.
Seules des coupes claires dans le budget ou une augmentation des impôts pourrait ramener le déficit sous les 3%. Par conséquent, les prochaines années seront cruciales à ce niveau. Le gouvernement sait parfaitement qu’il ne peut pas éviter, à terme, de prendre des mesures plus drastiques. Il est dans une situation assez difficile, essayant de rassurer les investisseurs et d’éviter un désaveu de l’opinion publique à cause de coupes budgétaires dans les dépenses de la santé ou de l’éducation.
Pour l’instant, une aide de l’Union Européenne est exclue, la priorité des 27 étant d’abord de régler le problème grec qui mine lentement l’optimisme des marchés. A terme, toutefois, Bruxelles ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion sur les déficits de ses pays membres. Avec la crise, les critères de Maastricht semblent ne plus être applicables en l’état.