Bien que la publication des minutes de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed laissait entendre une possible hausse du taux d’escompte, peu d’observateurs s’attendaient à ce qu’elle intervienne si tôt. En effet, hier soir, un communiqué de la banque centrale américaine a annoncé le relèvement d’un quart de point du taux d’escompte, à 0,75%.
Cette annonce a fait immédiatement chuté la monnaie unique européenne à un plus bas depuis près de neuf mois face au dollar, à 1,3443 dollar vers 23h50GMT. En ce vendredi matin, l’euro était toujours très fragile, à 1,3504 dollar vers 11h GMT.
La hausse rapide du billet vert face à l’euro s’explique par le renforcement des spéculations concernant un resserrement anticipé de la politique monétaire de la Fed. Depuis plusieurs jours, les déboires économiques et financiers de la zone euro et le rétablissement de l’économie américaine plaident en faveur d’une hausse des taux d’intérêt. Pourtant, la Fed a essayé hier de désamorcer de telles rumeurs en soulignant que ses taux seraient maintenus encore pendant une longue durée. Plusieurs éléments plaident en faveur d’une hausse. D’abord, l’économie américaine semble retrouver la voie de la croissance assez rapidement. De l’autre côté de l’Atlantique, la zone euro s’enfonce dans les déficits et le retour de la croissance ne devrait se faire que lentement. A en juger par la publication de l’indice PMI de la zone euro, de nombreux défis demeurent pour les économies de la zone euro. En effet, le rythme de croissance de l’activité est moins rapide qu’en décembre selon l’indicateur et la situation des différents secteurs d’activité est très contrastée. En février, le fort rebond de l’activité manufacturière a compensé une baisse de l’activité dans les services.
Enfin, les observateurs font valoir que le différentiel de taux qui existe de part et d’autre de l’Atlantique joue plutôt en faveur des Etats-Unis puisque la banque centrale américaine possède incontestablement une marge de manoeuvre plus importante que sa consoeur de Francfort.
De l’autre côté de la Manche, le débat concernant les déficits publics bas son plein à quelques mois des élections législatives qui devraient, d’après les sondages, permettre le retour des conservateurs au pouvoir. Plus de soixante-dix économistes de renom, dont cinq anciens membres du comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre, ont souligné dans deux lettres ouvertes publiées dans le Financial Times le risque d’une réduction trop brutale des déficits publics. Cette initiative a pour but de répondre à une lettre ouverte publiée il y a quelques jours dans le Sunday Times qui appelait justement à une réduction rapide des déficits. En pleine campagne électorale, le thème du déficit exacerbe l’opposition travailliste et conservateur.