Nouvelle semaine agitée sur le marché des devises marquée un pic de la volatilité hier suite à l’annonce surprise de la Fed de relever son taux d’escompte à 0,75%. Cette décision a pris clairement de court le marché des changes, les opérateurs se ruant sur le billet vert. La grande majorité des observateurs avaient compris lors de la publication des minutes de la Fed mercredi qu’une telle décision allait survenir mais certainement pas aussi rapidement. Les investisseurs y ont vu un signal pour acheter des dollars, faisant chuter la monnaie unique européenne à un plus bas depuis dix mois sur le marché des devises, en dessous d’un niveau de soutien important.
En se basant sur l’analyse technique, notamment Fibonacci, la prochaine cible à moyen et long terme concernant la paire USD/EUR est un retracement à 76,4% selon les analystes. Toutefois, ce niveau ne devrait pas être atteint rapidement, la paire devra notamment traverser des niveaux de soutien supplémentaires. Nous rappelons pour les débutants que l’analyse Fibonacci repose sur une théorie qui stipule que les prix montent ou baissent d’un certain pourcentage après avoir atteint un plus haut ou un plus bas.
Toutefois, le retour en force du billet vert devrait prendre du temps. La Fed, bien qu’elle ait relevé ses prévisions de croissance pour l’année 2010, a tenu à rappeler que les taux d’intérêt américains devraient rester bas pendant encore longtemps. Les investisseurs qui s’attendent à une remontée des taux d’ici quelques mois pourraient être déçus.
Il est cependant probable que le dollar continue sa progression face à l’euro, la monnaie unique européenne sortant affaiblie de la crise financière et budgétaire grecque. Outre la Grèce, le cas de l’Espagne et du Portugal continuent de peser sur l’euro. Selon le quotidien El Mundo qui cite des sources provenant de la Banque d’Espagne, l’économie du pays devrait continuer à se contracter en 2010, à hauteur de 0,5% contre 3,6% l’année dernière. Avec un taux de chômage dépassant 18%, les investisseurs ne croient pas vraiment que le gouvernement sera en mesure de ramener le déficit budgétaire en dessous de 3%, celui-ci ayant atteint 11,4% en 2009. Par ailleurs, la publication en fin de semaine de l’indice PMI a souligné que la reprise de l’activité économique dans la zone euro sera lente et désordonnée. En effet, un net ralentissement de la croissance de l’activité des services n’a pu être composée que par un rebond salutaire de l’activité manufacturière en ce début d’année.
La monnaie unique européenne a toutefois réussi cette semaine à se maintenir face au franc suisse, les intervenants du marché des changes se méfiant d’une nouvelle intervention de la Banque Nationale Suisse. La semaine dernière, la BNS était en effet intervenue pour faire remonter l’euro de près de 0,50 centine face au franc suisse. Toutefois, cette intervention de la banque centrale fut nettement moins bien réussie que celle de mars 2009. Les analystes soulignent à foison que les capacités d’intervention de la BNS sont de plus en plus limitées parce que les acteurs du marché des changes s’attendent à ce que l’institution réagisse afin de maintenir le franc suisse au niveau souhaité et parce que les rumeurs de relèvement des taux se renforcent en raison de la hausse de l’inflation dans la confédération, rendant le franc suisse plus attractif pour les investisseurs.
Enfin, la banque centrale du Mexique a décidé de maintenir son principal taux directeur à 4,50% compte tenu de la tendance positive de l’économie mexicaine qui a bénéficié ces derniers mois d’un effet d’entrainement à cause de la reprise économique des Etats-Unis. La Banque centrale russe a, quant à elle, décidé de réduire son principal taux d’un quart de point, à 8,5%. Cette décision ne sera toutefois effective que le 24 février.