Zoom aujourd’hui sur l’Afrique pour évoquer la réunion des chefs des banques centrales africaines les 10 et 12 mai prochain au Malawi afin de discuter de l’impact de la crise économique et financière mondiale sur les économies africaines et des moyens à mettre en œuvre pour sortir plus rapidement de la crise. En effet, alors que les pays occidentaux émergent en ordre dispersé de la crise, la reprise tarde à se concrétiser en Afrique, continent largement délaissé par les médias internationaux en ce moment.
L’Association des Banques centrales africaines, aussi appelée ABCA, a invité tous ses membres à participer à ce séminaire qui aura pour thème «Leçons à tirer de la crise financière internationale : prévention et coordination des réponses ». Bien que le continent soit l’un des moins intégrés dans la mondialisation, notamment lorsqu’il s’agit de mondialisation financière, la crise a eu un impact certain sur de nombreuses économies africaines. Les situations sont toutefois très disparates entre les membres de l’Association.
L’une des régions les plus durement touchées est l’Afrique de l’Ouest. Les pays de cette région forment l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest, aussi dénommée Uemoa. Lors d’une rencontre avec l’actuel président de l’ABCA, le congolais Jean Claude Masangu Mulongo, le gouverneur de la banque centrale de l’Uemoa a reconnu que les pays de la région affichent des contre-performances inquiétantes dans des secteurs dynamiques avant la crise, notamment le tourisme ou encore l’exportation de produits miniers et agricoles. Selon les données officielles, le taux de croissance dans la région n’atteindra pas 3% en 2009 contre 4,7% attendu. Plus inquiétant encore, l’activité a connu un net ralentissement ces derniers mois ce qui souligne que les pays de la région continuent de s’enfoncer dans la crise alors que les pays du Nord s’extraient presque tous de la crise, avec plus ou moins de facilité. Ce phénomène souligne que la crise n’a pas été encore totalement absorbée en Afrique et que les gouvernements n’ont pas été encore en mesure de mettre en place une réponse adaptée. Alors que les occidentaux ont largement misé sur des plans de relance faisant une large place à la demande intérieure, l’Afrique est incapable de mettre en place un plan similaire, les pays africains n’ayant pour la plupart pas un marché intérieur assez dynamique.
La réunion de mai pourrait aboutir toutefois à la prise de décisions pratiques afin de relancer l’activité dans une région qui est déjà touchée par de nombreuses crises.