Bien que le Fonds Monétaire International ait conseillé aux Etats européens d’éviter de prendre des mesures de rigueur afin de ne pas brider la relance de la croissance, les récentes mesures annoncées en Grèce, au Portugal et en Espagne ont tout l’air d’être annonciatrices d’une longue période de rigueur.
Alors que la monnaie unique européenne est chahutée sur le marché des changes, de nombreux Etats européens sont contraints, afin de rassurer les investisseurs, d’épurer leurs finances. C’est notamment le cas de l’Espagne. Le boom de l’immobilier des années 90 semble désormais bien loin. Avec un taux de chômage de près de 20%, l’Espagne offre le portrait d’un pays qui n’est même plus capable d’offrir à ses jeunes diplômés des perspectives d’avenir.
Sous la pression de Bruxelles et des Etats-Unis, le chef du gouvernement espagnol, celui-là même qui a légalisé le mariage homosexuel et facilité les procédures de divorce dans un pays encore très catholique et conservateur, a décidé d’opérer un tournant à droite. Direction la rigueur. Pour l’instant, la presse espagnole ne parle que d’austérité mais peu importe le terme employé, le pays entame une nouvelle ère de sacrifice.
Zapatero n’a d’ailleurs pas caché à ses concitoyens la situation. Il a clairement donné la couleur en proclamant presque solennellement «je vous annonce des sacrifices ». Parmi ces sacrifices, la disparition d’une mesure phare du gouvernement PSOE, le chèque bébé de 2500 euros. Fini également la remise fiscale de 400 euros. Diminution de 5% des salaires des fonctionnaires, gel des retraites qui ne seront plus valorisées en fonction de l’inflation. Voici les principales mesures du plan d’austérité Zapatero. Déjà beaucoup touchés par la crise, les jeunes espagnols ne sont pas visés directement par ces nouvelles mesures. Pour l’instant, les bourses et l’éducation sont quasiment préservées.
Suite à ces annonces, les syndicats espagnols se sont mobilisés pour protester. Cependant, même dans la société espagnole, de plus en plus de gens ont conscience de la nécessité de faire des sacrifices afin de remonter la pente. Ainsi, une grève a récemment été reportée. Alors que la gauche et les mouvements sociaux semblent capituler face à la crise et aux mesures du gouvernement Zapatero, c’est la droite paradoxalement qui prend la relève. L’ancien premier ministre Aznar a appelé son successeur à démissionner tandis que le leader du PP, Rajoy, a annoncé qu’il va étudier avec son parti les mesures prises par le gouvernement et réagir en fonction.