En ce lundi après-midi, l’euro s’affiche en légère hausse sur le marché des changes à la faveur d’un rebond technique qui fait suite à une très forte dégringolade de la devise européenne.
En milieu d’après-midi, la monnaie unique européenne valait environ 1,2422 dollar contre 1,2394 dollar hier à la clôture de la séance américaine et gagnait aussi du terrain face au yen, grimpant à 92,78 yens contre 92,51 yens hier.
Le rebond actuel de l’euro ne devrait toutefois pas durer puisque tous les analystes s’accordent à affirmer que la devise européenne est fondamentalement dans un cycle baissier sur le marché des devises. Deux facteurs poussent l’euro à la baisse : d’abord l’inquiétude persistante des marchés face à la dette de très nombreux Etats européens et, enfin, le fait que la croissance dans la zone euro soit nettement plus molle qu’outre-Atlantique.
Pour l’instant, la question de la dette des Etats reste en suspens en dépit des nombreuses initiatives prises par les gouvernements européens. Ainsi, la Grèce a bénéficié aujourd’hui de la première tranche de prêts européens d’un montant de 14,5 milliards. Ce premier versement devrait permettre au pays de faire face à une échéance cruciale demain puisqu’Athènes doit rembourser 9 milliards d’euros de prêt obligataire. En l’absence de cette aide, le pays aurait fait face à un défaut de paiement, hypothèse évidemment exclue par Bruxelles pour le moment.
La crise de confiance des investisseurs suite à la crise grecque a de nombreuses conséquences. Ainsi, l’indice de confiance des milieux financiers allemands a affiché un très net recul au mois de mai, à 45,8 points contre 53 points en avril. Cette baisse du baromètre Zew reflète l’inquiétude générale dans la zone euro et pourrait notamment avoir des conséquences importantes sur la production industrielle, les chefs d’entreprise hésitant à investir. Pour en avoir le cœur net, il faudra notamment jeter un œil attentif à l’indice Ifo .
Bonne nouvelle toutefois sur le plan de l’inflation puisque cette dernière s’est inscrite à 1,5% en avril sur un an, augmentant principalement en raison des prix du tabac et de l’essence selon Eurostat. Cette hausse de l’inflation correspond à l’objectif que s’est assigné la Banque Centrale Européenne .
En revanche, outre-Manche, l’inflation a connu un véritable bond en avril pour atteindre un plus haut niveau depuis près de 17 mois, à 3,7% en rythme annuel. Les économistes tablaient sur une inflation de seulement 3,5% ce qui a eu pour conséquence de faire chuter encore davantage la livre sterling face à la monnaie unique européenne lors de la séance d’aujourd’hui. Cette hausse de l’inflation est principalement due à la progression des prix de l’alcool et du tabac. Toutefois, la Banque d’Angleterre a déjà prévenu au début de l’année que l’inflation devrait momentanément dépasser ses objectifs avant de se réduire automatiquement.
Enfin, le franc suisse se stabilisait légèrement sur le marché des changes aujourd’hui alors que le président de la Banque Nationale Suisse s’est inquiété publiquement de la chute de l’euro. Il a notamment affirmé que "la fuite de l’euro conduit à une pression à la hausse sur le franc suisse, mettant ainsi en danger la stabilité des prix et la reprise économique en Suisse". "Cette situation est inquiétante pour notre pays, car nous ne pouvons pas influencer directement les événements en Europe". De nombreux opérateurs du marché des changes considèrent que la BNS est déjà en train d’intervenir sur le marché afin de limiter l’appréciation du franc suisse face à l’euro. Toutefois, l’impact de ces interventions est très limité à terme.