La monnaie unique européenne a opéré une belle remontée cette semaine sur le marché des changes, finissant, à l’heure où nous écrivons, légèrement au-dessus de 1,24 dollar. Rappelons que la semaine avait plutôt mal commencé pour l’euro avec un indice ZEW allemand qui avait fait dégringoler la devise face aux principales valeurs du marché.
Pour autant, le rebond de l’euro s’avère un peu limité à y regarder de plus près. En effet, si la hausse enregistrée face au billet vert est à souligner, la progression face au yen est plutôt limitée, l’euro évoluant autour de 112 yens, seuil franchi au milieu de la semaine. En revanche, face au franc suisse, l’euro perd plutôt du terrain suite à la décision sage de la BNS de laisser désormais filer le taux de change de la devise helvétique. Après tout, à quoi bon gaspiller les réserves de change de la banque centrale afin d’acheter des euros sans que cela ne se traduise par une réelle influence sur la paire EUR/CHF.
L’euro rebondit certes, mais ce rebond est donc plutôt limité. Il profite probablement également de la hausse des demandes d’allocation chômage outre-Atlantique qui a pris de court les marchés. Sur le long terme, l’euro demeure toutefois dans une pente descendante face aux principales valeurs refuge. Nul doute que la crise grecque ne va provoquer encore des remous. De même, il faut s’attendre à ce que l’Espagne ou tout autre pays qui puisse aiguiser l’appétit des agences de notation vienne perturber cette remontée.
Il y a donc quelques pips à gagner sur cette récente hausse de l’euro mais il serait risqué de parier sur une hausse de longue durée, spécialement face au billet vert.
La paire EUR/PLN offre de belles possibilités en ce moment, le zloty polonais devant poursuivre son renforcement face à la monnaie unique européenne. La Pologne a l’avantage d’offrir une certaine sûreté aux investisseurs et la sage politique monétaire de la banque centrale – qui a demandé l’ouverture d’une ligne de crédit au FMI cette semaine – joue clairement en faveur du zloty polonais.
La livre sterling n’a pas vraiment affiché une bonne performance cette semaine face à l’euro et au dollar, ne parvenant pas notamment à capitaliser sur les chiffres surprenants des ventes de détail au mois de mai. La devise britannique fut pénalisée en milieu de semaine par les propos peu rassurants du gouverneur King. Toutefois, la devise britannique, qui est la quatrième monnaie la plus échangée sur le marché des changes, constitue toujours une valeur sûre pour de nombreux cambistes. Elle a profité au premier trimestre d’une vague spéculative qui s’est tarie récemment. Cependant, il a fort à parier que la devise de Sa Majesté remonte la pente.
Enfin, à noter que les principales banques centrales, bien qu’elles affirment leur soutien sans faille à l’euro, cherchent à se prémunir d’une éventuelle dégringolade de la zone euro en diversifiant leurs réserves de monnaie. Parmi les devises qui ont l’attrait des banques centrales, le dollar canadien. Selon plusieurs sources, les russes chercheraient notamment à acquérir des dollars canadiens, rassurés par la remontée des taux de la banque centrale et les perspectives économiques plutôt optimistes pour 2010 et 2011 au Canada.