En pleine crise financière, Goldman Sachs avait annoncé ses meilleurs résultats trimestriels depuis des décennies. Haro immédiat sur la banque alors que les chômeurs s’accumulaient outre-Atlantique et que le Congrès militait encore pour une réforme drastique de Wall Street, accusé à l’époque de tous les maux de l’Amérique.
Apparemment, la sortie de crise qui se profile, mais qui n’est certainement pas encore pour demain pour les américains, n’est pas du goût de Goldman Sachs. En effet, la banque, devenue en l’espace de moins de deux ans le Monsanto de la finance, c’est à dire l’incarnation du Mal par excellence, a dégagé au deuxième trimestre un bénéfice net en chute de plus de 80% et largement inférieur aux attentes des analystes.
La contre-performance de Goldman Sachs ne cadre pas avec le décor : les grandes banques de Wall Street, à l’instar de Morgan Stanley, ont affiché des performances saluées par tous les investisseurs. Le gourou Lloyd Blankfein a bon dos de mettre les mauvais résultats de la banque sur le compte d’un environnement de marché «devenu plus difficile ». Apparemment, ses concurrents n’ont pas rencontré les mêmes difficultés.
Bien sûr, le secteur rencontre encore des difficultés entre la nouvelle réglementation envisagée aux Etats-Unis, les projets de taxe bancaire qui fleurissent un peu partout, notamment au Royaume-Uni où Goldman Sachs est installé. Ces coûts exceptionnels pèsent sur le bilan des entreprises. Pour autant, les marchés avaient pour habitude de voir Goldman s’extirper de tous les maux.
L’entreprise ferait-elle désormais profil bas? Peut-être. Une chose est sûre, elle n’a finalement pas quitté Londres alors qu’elle avait menacé le gouvernement travailliste de délocaliser ses activités en Espagne en cas de taxe bancaire (lire l’article). Apparemment, les déboires de l’Espagne ont refroidi ses ardeurs.
Goldman Sachs se serait-il assagi? Sûrement comme en témoigne la bonne volonté affichée par la banque de se plier au nouveau schéma financier promu par la Maison Blanche. En effet, des sources non officielles ont affirmé que Goldman envisage d’ici à la fin du mois de scinder ses activités de trading pour compte propre afin de se plier à la « règle Volcker », du nom de l’ancien président de la Fed et actuel conseiller d’Obama.
La sagesse a certainement des mérites puisqu’hier, suite à cette confidence dévoilée par la chaîne de télévision CNBC, l’action gagnait 1,6% soit nettement plus que la progression du Dow Jones. A défaut de résultats mirobolands, la banque fait profil bas et semble être récompensée pour cette posture par les investisseurs.
Editorial de Christopher Dembik